La colère du patron des pompiers de Paris après le meurtre de l'un d'entre eux

Le général Jean-Claude Gallet. - Bertrand GUAY / AFP
Colère, indignation et incompréhension. Le mail, consistant en fait en une lettre de trois pages, que le général Jean-Claude Gallet, patron des sapeurs-pompiers de Paris, a envoyé à ses 8.500 hommes ce mardi revenait sur le meurtre le 4 septembre dernier à Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne, de l'un de leurs collègues dû au coup de folie d'un schizophrène. Dans ce courriel, que Le Parisien s'est procuré, l'officier a notamment lancé: "Profonde tristesse, colère, indignation sont des sentiments qui nous animent tous. Une société qui ne protège pas ses anges gardiens est vraiment malade".
Pour lui, si Geoffroy Henry, âgé de seulement 27 ans, a été poignardé à mort lors de cette intervention, c'est que l'équipe à laquelle il appartenait n'avait pas toutes les cartes, c'est-à-dire les informations, en mains pour jauger de sa délicatesse et de son péril éventuel. Le général s'emporte ainsi contre "la faible communication entre les acteurs de l’urgence qui fonctionnent avec des schémas éculés".
30% des recrues abandonnent lors de leur première année
L'appel ayant entraîné le déplacement des pompiers avait initialement été traité par le Samu, qui s'occupe de ces coups de fil département par département. Or, les appels vers les pompiers, la police ou sur le 112 (le numéro européen) convergent tous pour leur part vers un même centre de réception, situé dans le XVIe arrondissement. Les sapeurs-pompiers voudraient mettre fin à cette disparité et regrouper toutes ces communications sur une plateforme unique pour une meilleure prise en charge.
Signe du ras-le-bol généralisé, ce chiffre éloquent rapporté par le journal francilien: 30% des recrues abandonnent lors de leur première année. Il y a plusieurs facteurs à cela, dont le fait que les pompiers se sentent harassés par la diversité des opérations qui leur sont demandées, eux qui souhaiteraient au contraire se consacrer à leurs tâches originelles: combattre le feu, et venir en aide aux personnes dans des situations d'urgence.
Une violence galopante
Mais, comme le drame de Villeneuve-Saint-Georges est venu le rappeler, le problème tient avant tout aux agressions dont ils sont victimes, pour l'essentiel physiques et perpétrées par les individus qu'ils cherchent à secourir. Les statistiques livrées par l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) rendent compte de cette terrible réalité: en 2016, 2.280 pompiers ont été concernés par cette violence dans l'Hexagone, plus de 17% par rapport à l'année précédente.
Et cette tension croît particulièrement à Paris et dans les trois départements qui jouxtent la capitale (à savoir la Seine-Saint-Denis, les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne). On y a recensé 74 incidents pour 114 pompiers visés, 122 en 2017 pour 198 hommes agressés, 101 en 2018 pour 160 victimes.