L'exécutif français en quête de crédibilité sur les dépenses

Le gouvernement défendra mardi lors du débat d'orientation budgétaire une réduction sans précédent des dépenses de l'Etat en 2014, une réponse aux critiques sur le flou présumé de sa stratégie qui risque de faire grincer des dents dans la majorité sans co - -
PARIS (Reuters) - Le gouvernement défendra mardi lors du débat d'orientation budgétaire une réduction sans précédent des dépenses de l'Etat en 2014, une réponse aux critiques sur le flou présumé de sa stratégie qui risque de faire grincer des dents dans la majorité sans convaincre l'opposition.
Le document préalable transmis aux parlementaires en vue du débat à l'Assemblée nationale détaille les 9 milliards d'euros qui seront économisés l'an prochain, cinq milliards restant à trouver dans les collectivités locales et le système de protection sociale pour tenir les engagements pris par Paris vis-à-vis de ses partenaires européens.
Face aux moindres rentrées fiscales dues à une croissance défaillante, le chef de l'Etat s'est engagé à ne pas augmenter les impôts en 2013 et à de nouvelles mesures d'économies sur les deux années à venir.
"La récession de ces derniers mois nous prive de toutes les rentrées fiscales espérées", a rappelé François Hollande dans une interview à Ouest France publiée lundi.
Estimant qu'alourdir la pression fiscale en cours d'année "serait contradictoire avec la volonté d'accélérer la reprise", il ajoute : "Alors, nous prendrons de nouvelles mesures d'économies en 2014-2015".
La Commission européenne a accordé un délai de deux ans supplémentaires à la France jusqu'en 2015 pour ramener son déficit public sous les 3% du PIB tout en l'appelant à identifier des coupes dans les dépenses.
La France avait auparavant présenté un programme de stabilité révisé prévoyant un net ralentissement de la progression des dépenses sur la période 2013-2017, dont un effort budgétaire de 20 milliards d'euros l'an prochain, concentré aux deux tiers sur les dépenses.
La Cour des Comptes, qui a prévenu la semaine dernière que le déficit public serait cette année plus proche de 4% du PIB que des 3,7% prévus a mis en garde contre tout relâchement de l'effort prévu en 2014 et 2015, en particulier sur les dépenses.
"PAS D'AUTRES CHOIX"
Elle estime nécessaire de dégager 13 milliards d'euros d'économies en 2014 et 15 milliards en 2015, en mettant à contribution l'ensemble des administration publiques.
"Ce que demande la Cour des comptes, nous le faisons", a déclaré à Reuters une source gouvernementale.
Pour l'opposition, qui accuse le gouvernement de mentir sur l'évolution des comptes publics, l'effort envisagé est insuffisant. Elle pronostique un déficit d'au moins 4% du PIB cette année et réclame une loi de finances rectificative.
"Le gouvernement, après avoir massivement augmenté les impôts, se rend compte que la seule possibilité qui subsiste c'est de faire des économies, il n'y a pas d'autres choix que d'agir sur les dépenses", a déclaré à Reuters le président UMP de la commission des finances de l'Assemblée nationale.
Pour Gilles Carrez, les économies programmées ne font toutefois que ralentir la hausse des dépenses sans se traduire par une baisse.
"La rigueur, c'est quand vous avez une baisse réelle. Là vous n'aurez pas globalement de baisse, là la dépense continue de monter", estime-t-il.
"On n'arrête pas de nous dire 'vous dépensez trop' et pour la première fois nous avons quand même une baisse (des dépenses) par rapport à l'année précédente", a répliqué Christian Eckert, le rapporteur PS de cette même commission dans un entretien avec Reuters.
Mais le gouvernement devra aussi convaincre sa majorité. Si plusieurs ministères sanctuarisés devraient voir leur budget progresser comme l'Emploi ou l'Education, la baisse de celui de l'Ecologie a suscité des critiques des Verts.
L'aile gauche de la majorité entend aussi peser dans le débat budgétaire et plusieurs de ses composantes présenteront mardi leur projet d'une grande réforme fiscale destinée à "redonner du pouvoir d'achat aux couches populaires".
"Les couches moyennes et les classes populaires qui ont permis l'élection de François Hollande attendent des résultats de la gauche sur le terrain du pouvoir d'achat", lit-on dans leur communiqué commun.
Marc Joanny avec Emile Picy et Emmanuel Jarry, édité par Sophie Louet