L'alerte des enseignants sur la présence d'amiante dans les établissements scolaires

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De l'amiante dans les écoles, collèges et lycées français. Une manifestation est organisée ce vendredi à Paris par l'Andeva (Association nationale de défense des victimes de l'amiante) pour alerter sur ce phénomène inquiétant.
Au lycée Georges Brassens de Villeneuve-le-Roi, dans le Val-de-Marne, 85% des enseignants ont décidé d'exercer leur droit de retrait et de ne pas enseigner cette semaine en raison de la présence supposée de la fibre toxique et cancérogène dans les plafonds du bâtiment. Un incendie survenu fin septembre leur fait craindre que de la poussière d'amiante ait contaminé l'air des salles de classe.
"3000 mètres carrés d'amiante dans les sous-plafonds"
Le problème n'est pas nouveau. En 2017, une salle de l'établissement avait dû être fermée plusieurs jours après la découverte au sol d'une mousse blanche, suspectée d'être de l'amiante tombée du plafond. Les professeurs avaient à l'époque exercé leur droit de retrait pendant six semaines.
"Il y a 3000 mètres carrés d'amiante dans les sous-plafonds et on ne sait rien. On ne se sent pas en sécurité, on ne sait pas ce qui peut se produire d'ici demain", confie Raphaëlle, professeure d'anglais, à RMC.
Une étude diligentée par la région après le début du mouvement des professeurs, sans nier la présence d'amiante dans les plafonds, établit en tout cas que la qualité de l'air dans les salles de classe est normale.
Le rectorat, lui, se contente d'intimer au personnel enseignant de reprendre le travail. Selon l'académie de Créteil, citée par Libération, le droit de retrait n'est ici pas valable, car le danger n'est pas jugé "imminent".
85% des écoles construites avant l'interdiction
Pourtant, selon les associations, Villeneuve-le-Roi ne serait qu'un épiphénomène. Interdite depuis 1997, l'amiante est présente dans bon nombre d'établissements scolaires, dont 85% ont été construits avant cette date selon l'Andeva. Un tiers des écoles, soit 15.000 établissements, n'ont pas réalisé le diagnostic pourtant obligatoire pour détecter la présence d'amiante.
Peu chère et résistante, l'amiante, matériau isolant toxique dont on connaît désormais le rôle dans le déclenchement de maladies du système respiratoire et de cancers pulmonaires, a été utilisée à outrance dans les années 1970 pour construire bâtiments et revêtements routiers. Or, elle peut rendre malade même à de très faibles niveaux d'exposition.
L'amiante a depuis causé la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes selon l'Institut de veille sanitaire. Elle pourrait en provoquer jusqu'à 100.000 autres d'ici à 2025.