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Société

#Jaiétévioleur: le hashtag qui suscite l'indignation sur les réseaux sociaux

Marche contre les violences faites aux femmes le 23 novembre 2019 à Paris

Marche contre les violences faites aux femmes le 23 novembre 2019 à Paris - DOMINIQUE FAGET / AFP

Après la diffusion d'une vidéo sur YouTube sur la notion de consentement et de viol, des centaines de femmes se sont mises à raconter leurs expériences traumatisantes sur les réseaux sociaux avec le hashtag #Jaiétéviolée.

Tout a commencé sur YouTube. Mercredi 18 décembre, Demos Kratos, un ancien étudiant de Sciences Po qui réalise des vidéos sur des sujets de société, publie un entretien avec deux féministes, avec un titre polémique : "J'ai été un violeur?". En introduction, le jeune homme raconte avoir à plusieurs reprises contraint son ancienne compagne à avoir des relations sexuelles.

"D’autres fois aussi, je me souviens qu’elle avait dit "non", mais je prenais ça pour de la rigolade, du jeu, et au final ça se faisait quand même parce que je pense qu’elle prenait sur elle pour me faire plaisir", confie le YouTubeur qui souhaitait avec cette vidéo faire son mea culpa et inviter les internautes à réfléchir à la notion de consentement et de viol.

Rapidement, le hashtag #Jaiétéunvioleur a fleuri sur les réseaux sociaux, des hommes souhaitant ainsi s'excuser de leurs comportements ou du moins se dédouaner. Leurs messages ont suscité l'indignation de nombreuses femmes qui se sont alors mises à raconter leurs expériences parfois traumatisantes avec leurs compagnons, accompagnées du mot clé #Jaiétéviolée.

"Il m’a menacé de me quitter si je ne couchais pas"

La militante féministe Marguerite Stern, à l'initiative de la campagne de collage des messages sur les féminicides, a notamment témoigné: "Ma première relation sexuelle a été un viol. J’avais 13 ans et demi. C’était mon mec. Il m’a menacé de me quitter si je ne couchais pas. Par peur de l’abandon, je l’ai laissé faire. Il savait que je n’avais pas envie", raconte-t-elle sur Twitter.

L'association NousToutes, qui organise chaque année une manifestation contre les violences faites au femmes, s'est quant à elle adressée à toutes les victimes: "Nous vous croyons. Vous êtes très courageuses. Vous n’y êtes pour rien. Le coupable c’est lui".

Demos Kratos présente ses excuses

Face à la vague de critiques qui l'ont visé, Demos Kratos a finalement publié un message d'excuse sur sa chaîne YouTube, dans lequel il explique avoir voulu "remettre en question la domination masculine qui est imprégnée de la culture du viol". 

"Je présente mes excuses à toutes les victimes de viol qui ont pu souffrir suite à cette vidéo. Mon objectif n'était clairement pas d'avouer mon viol et d'obtenir un "pardon", mais de mettre en avant des comportements que beaucoup de couples ont connu", écrit-il.

Le jeune homme a par ailleurs relayé un communiqué des deux militantes, avec qui il débat dans sa vidéo. 

“Nous avons fait part à Demos Kratos dès le début de notre appréhension par rapport au titre de la vidéo, à l’introduction introspective et aux conséquences que cela pourrait avoir (...) Nous voulions faire une vidéo sur les femmes par les femmes (...) Malheureusement, ce n’est pas ce qui ressort de la vidéo”, regrettent-elles.
Mélanie Rostagnat