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"J’ai eu peur que ça devienne physique": habillé en femme, un comédien fait l’expérience du harcèlement de rue

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Dans d'une campagne vidéo, l'association "Ni Putes Ni Soumises" a proposé à un comédien de se glisser dans la peau d'une femme pour mettre en lumière le harcèlement de rue. Il raconte son expérience.

A quoi ressemble une journée dans la peau d'une femme à Paris? Pour dénoncer le harcèlement de rue avec sa campagne #ANotrePlace l'association Ni Putes Ni Soumises à proposer un comédien de se grimer en femme et de parcourir les rues de la capitale.

Après deux heures de maquillage et de coiffure, Antoine, 23 ans est suivi en caméra cachée. Il essuie sifflements, réflexions graveleuses et commentaires salaces. "Je ne pensais pas que c'était à ce point-là", témoigne-t-il dans la vidéo publiée en fin de semaine dernière. 

Quelques jours après la diffusion de la vidéo, Antoine revient sur cette expérience.

"Les deux heures qu'on a fait à Châtelet à la Canopée, je l'ai vraiment pas bien vécu. J'ai toujours eu peur que ça devienne physique ou qu'il y ait un acte violent parce que dans ce cas-là, tu ne sais pas quoi faire pour te défendre", raconte à BFM Paris le jeune comédien. 

Lorsqu'un homme lui adresse des commentaires sur son physique dans le métro, Antoine se rend compte du malaise. "Toute l'attention est sur toi et tu te sens hyper seul. Personne ne m'a aidé", se souvient-il. 

Une campagne qui ne fait pas l'unanimité

Cette campagne destinée à faire comprendre le quotidien des femmes n'a toutefois pas fait l'unanimité, certaines militantes féministes regrettant qu'un homme soit mis en scène pour parler de harcèlement, plutôt que les victimes eux-mêmes.

"Se dire qu'encore une fois il faut qu'un homme parle pour que sa parole soit écoutée, c'est désespérant je peux les comprendre, admet Stéphanie Rameau, présidente de l'association Ni Putes Ni Soumises. Mais d'un autre côté pour que les mentalités changent il faut que tout le monde s'y mette, citoyens et citoyennes." 

"Ce combat doit être mené par les hommes et par les femmes. Les changements de mentalité, c'est ensemble qu'on va pouvoir les amorcer", ajoute-t-elle. 

Le harcèlement de rue est depuis la loi anti-harcèlement d'août 2018 qualifié d'outrage sexiste ou sexuel. L'outrage sexiste ou sexuel est passible d'une amende de 90 à 750 euros et jusqu'à 1.500 euros en cas de de récidive. 

Julie Pierret avec Carole Blanchard