Ile-de-France: retards, délinquance, voyage avec les usagers de la ligne P du Transilien
Bienvenue à bord de la ligne P. Cette ligne du Transilien, qui relie Paris à Provins en Seine-et-Marne ou encore à Château-Thierry dans l'Aisne, est pour beaucoup d'usagers devenue synonyme de galère. Luminaires défectueux et rames bondées font partie du lot habituel des 100.000 voyageurs quotidiens. Mais ce sont surtout les dégradations, la délinquance et les fumeurs qui polluent chaque jour la vie des voyageurs.
A l'avant des trains, s'est notamment installée une zone de non droit. Dans le train de 18h16 direction Paris, tout un bout de la rame est pris d'assaut très vite par dix personnes. Certaines lumières sont volontairement cassées pour que les fumeurs soient moins vus depuis l'extérieur. Des mégots jonchent le sol. Cinq minutes après le départ, les premières cigarettes sont allumées.
Echanges de produits stupéfiants
Assis dans cette rame, nous avons pu constater plusieurs échanges de produits stupéfiants. Les panaches de fumée de cannabis s'envolent dans la rame. Au fur et à mesure du voyage, le wagon fermé par une porte coulissante devient un véritable fumoir.
Lors de ce trajet d'un peu plus d'une heure, aucun contrôleur, aucun agent de sécurité de la SNCF ne franchit les portes du wagon. Pourtant, notre voisin a envoyé dès la première cigarette grillée un texte d'alerte pour signaler l'infraction.
Des scènes qui se déroulent au quotidien sous les yeux des autres voyageurs exaspérés, comme Virginie.
"Il y a des trafics de drogue maintenant, ce n'est même plus que de la fumette, ils dealent carrément dans le train. On a peur, on voyage en totale insécurité", explique cette voyageuse.
Des suppressions de train et retards
De la délinquance qui s'ajoute aux retards et aux suppressions de train. "C'est des bus à prendre en plus, c'est encore une fois des galères. Il faut s'ajuster, toujours courir après le temps", résume Kévin Barbier, co-représentant du collectif des usagers de la ligne P. Avaries matérielles, manque de conducteurs, le ras-le-bol dépasse les seules conditions de transport.
"Les gens ont du mal à arriver à l'heure à leur travail, avec un risque de se voir licencier, avec un risque pour les gens qui cherchent un emploi de se voir refuser un emploi parce qu'ils sont sur cette ligne-là. C'est un problème économique, c'est un problème social", martèle Victor Etienne, président de l'association des usagers.
De son côté, la SNCF assure avoir conscience de tous ces problèmes, à commencer par la présence de fumeurs à bord des trains. "On mène depuis plusieurs mois des actions extrêmement fortes contre ces fumeurs, avec des dizaines de contrôles qui ont été réalisés et des centaines de PV qui ont été dressés", souligne Alain Krakovitch, directeur SNCF Transilien.
Ce dernier reconnaît également que "la régularité n'a pas été bonne ces dernières semaines sur la ligne" mais promet des "actions très fortes" avec 80 millions euros de travaux qui seront lancés en 2017. Une vingtaine d'agents doivent aussi être recrutés dès la fin 2016.