Faut-il craindre les salafistes français ?

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Qui est à l'origine de la manifestation, non-autorisée, organisée samedi devant l'Ambassade américaine à Paris ? C'est ce que la justice cherche à savoir. Le parquet de Paris a ouvert une enquête dimanche pour identifier ses organisateurs. Près de 250 personnes ont tenté de se rassembler devant l'Ambassade pour protester contre une vidéo anti-islam. La majorité des participants ont expliqué avoir reçu des appels par SMS ou via les réseaux sociaux. 152 ont été interpellés pour vérification d'identité.
10 000 salafistes en France
Aujourd’hui, les soupçons concernant les organisateurs de la manifestation se portent surtout sur le mouvement salafiste. Impossible de connaître leur nombre exact. Ils étaient environ 5 000 en 2000, aujourd'hui, on les estime à un peu plus de 10 000. La grande majorité n'a pas de revendication politique, ils ne prônent pas la violence, ils entendent juste vivre comme au temps du prophète Mahomet.
« Un faible niveau de radicalisation en France »
« La plupart des gens présenté comme des salafistes ne correspondent pas au profil des salafistes tel qu’il est majoritairement observable en France. Explique Mohamed Ali Adraoui, chercheur, spécialiste du salafiste, professeur à Sciences Po Paris. Les salafistes condamnent l’usage de la violence et condamnent le fait de militer politiquement. En France, on connait un faible niveau de radicalisation. Aujourd’hui, les personnes qui essayent d’importer ce mouvement en France sont peu nombreuses. On l’a vu samedi, il y avait 250 personnes alors que l’on parle de plusieurs milliers de salafistes en France ».
« Ce qui m’inquiète, c’est la passivité des responsables musulmans »
Si les salafistes sont peu nombreux, ils cherchent à faire de nouveaux adeptes. Les prédicateurs salafistes recrutent surtout dans les quartiers comme le constate Mohamed Bouabdéslam, militant associatif en Ile-de-France. « Ils se trouvent à la périphérie des mosquées. Il y a des jeunes qui ont perdu leurs repères qui viennent les voir. Quand ils tombent entre leurs mains, ils leur donnent leur version de l’islam ». Une version qui recommande de vivre comme au temps du prophète. Et la majorité de ces membres en reste là. La France est pour l'instant épargnée par le salafisme révolutionnaire qui, lui, prône lui la violence. Mais la progression du mouvement inquiète Mohamed Bouabdéslam. « Ce qui m’inquiète le plus c’est la passivité des responsables musulmans qui laissent faire. La jeunesse musulmane est laissée à l’abandon ». Parmi ces salafistes français, on trouve de nombreux convertis qui en quelques semaines se coupent totalement de la société.
« Faire preuve de sévérité »
Face à ces mouvements extrèmes, certains voudraient mieux et plus contrôler ces religieux. « Je crois que nous devons faire preuve d’une sévérité accrue face à toutes les formes d’intégrismes, explique Didier Geoffroy, secrétaire national de l'UMP et ancien conseiller de Brice Hortefeux, qui est pour un contrôle des extrémistes religieux. Cette sévérité, je la veux dans le message du gouvernement, dans les actes des forces de sécurité. J’ai toute confiance dans les forces de sécurité, un peu moins dans le message du gouvernement que je trouve un peu trop laxiste ».
« Manifester son opinion dans le respect du droit »
« La notion de contrôle me heurte, confie Jean-Jacques Urvoas, député socialiste du Finistère chargé des questions de sécurité au PS. Il faut veiller à leur activité, les surveiller, anticiper leurs actions mais les contrôler ne me paraît pas compatible avec une démocratie. Ceux qui y vivent peuvent manifester leurs opinions dans le respect du droit. S’il y a une dérive violente, elle doit être sanctionnée ». Une loi doit d'ailleurs être présentée fin septembre en Conseil des ministres pour permettre de poursuivre les Français qui vont à l'étranger pour s'entraîner ou y commettre des actes terroristes.