L'interminable déblocage de Parcoursup: 67.000 jeunes toujours sans affectation

La plateforme Parcoursup remplace depuis 2018 Admission Post-Bac. (Photo d'illustration) - Denis Charlet - AFP
La quiétude de l'été ne profite pas à tout le monde, et surtout pas aux jeunes qui tentent encore d'accéder à l'enseignement supérieur. Après plusieurs mois d'existence, la plateforme Parcoursup continue de faire des mécontents et des étonnés. Si quelque 480.300 lycéens ou candidats en réorientation ont définitivement accepté une proposition au 7 août, soit 73% des jeunes encore présents sur la plateforme (ou 60% des personnes ayant formulé au moins un vœu au tout départ), un peu plus d'un quart restent en suspens ou sont considérés comme "inactifs".
Ils se divisent en deux catégories. Ceux qui n'ont reçu aucune demande positive et sont soit accompagnés par le rectorat, soit dans une phase complémentaire: ils sont un peu plus de 16.400 (2,5% des jeunes encore sur Parcoursup) dans ce cas. Le taux de ces "recalés" peut paraître faible, mais il ne faut pas oublier ceux présentés comme "inactifs", au nombre de 50.492.
Soit, en tout, 66.945 jeunes précisément (10% de ceux encore sur Parcoursup, 8% du total depuis les premiers vœux) qui n'ont été affectés nulle part pour le moment. Un chiffre sensiblement identique, proportions rétablies, aux 65.000 élèves sans affectation à la même époque l'année dernière sur Admission Post-Bac (APB), le site prédécesseur jugé obsolète par le gouvernement.
Le ventre mou des "inactifs"
Les "inactifs" de la plateforme d'accès à l'enseignement supérieur sont difficiles à définir. Ils sont décrits par le ministère comme des candidats qui sont contactés par les équipes de Parcoursup pour identifier leurs souhaits pour la rentrée", qui n'ont pas demandé à être accompagnés par le rectorat ou à entrer en phase complémentaire, malgré l'attente. Ils peuvent encore le faire s'ils le souhaitent, ou quitter la procédure. Il y a aussi ceux qui ont opté pour un cursus hors Parcoursup mais ne se sont pas désistés sur la plateforme.
En cas de réponse tardive à une proposition, tous les vœux se bloquent, comme l'a décrié sur Twitter le président du syndicat lycéen UNL Louis Boyard.
Le compte de Parcoursup assure que les utilisateurs peuvent rétablir leurs vœux d'un simple e-mail. Le ministère de l'Enseignement supérieur a voulu une transparence accrue quant au fonctionnement de la nouvelle plateforme. Pourtant, il n'est pas expliqué dans quelle catégorie ces lycéens se retrouvent, même brièvement.
L'engorgement des vœux secondaires
Ce n'est pourtant pas le plus gros caillou dans la machine Parcoursup. Selon le président de la Conférence des présidents d'université, Gilles Roussel, interrogé fin juillet sur France Inter, "certains (élèves) gardent des vœux en attente très longtemps, alors qu'ils savent très bien qu'ils ne les prendront pas. Juste pour savoir s'ils auraient été pris dans toutes les filières demandées ou pour, éventuellement, repousser le plus tard possible le choix de leur filière."
Le choix des vœux est pourtant loin d'être une partie de plaisir, d'autant que nombre d'élèves apprécieraient certainement pouvoir faire un choix rapide, en être débarrassés et chercher un logement, par exemple.
Les vœux n'étant pas hiérarchisés sur Parcoursup, contrairement à APB, les postulants ont pu se trouver rapidement refusés dans les filières qui les intéressaient. Ils ont donc intérêt à garder le plus longtemps possible l'option d'accéder à une formation qui leur plaît davantage. De l'autre côté, les établissements peinent à évaluer le nombre d'élèves qu'ils accueilleront à la rentrée.
Claire Mathieu, l'une des créatrices de l'algorithme, a en outre expliqué sur Twitter que certaines procédures étaient terminées sans même que les candidats ou les formations ne le sachent.
C'est pourtant la catégorie qui maigrit le plus vite. Si le nombre de jeunes sans réponse mais accompagnés diminue lentement (-585 depuis le 30 juillet), celui des "oui, mais j'ai d'autres vœux en attente" décroît rapidement. La catégorie compte 7415 candidats de moins depuis le 30 juillet. Sur cette même période, 6208 jeunes ont dit un "oui définitif" à une filière, permettant de désengorger d'autant les listes d'attente. De quoi redonner un peu d'espoir aux jeunes en suspens.