L’homosexualité n’a pas sa place dans les manuels scolaires

Najat Vallaud-Belkacem veut une révision des manuels scolaires parce qu'ils passent sous silence l'homosexualité de certains personnages historiques. L’annonce a été faite dans le magazine Têtu, magazine gay et lesbien. Mais l'homosexualité n'a pas sa place dans les livres de cours.

Non, et heureusement. Ce serait sinon terriblement réducteur pour les homosexuels qui ont accompli de grandes choses sur le plan historique ou artistique. Qu'est ce qui trotte dans la tête de la ministre ? Najat Vallaud-Belkacem veut défendre la cause homosexuelle, la secrétaire d'Etat aux Droits des femmes est en effet chargée d'une mission pour lutter contre les discriminations. Pour elle, les manuels scolaires s'obstinent à cacher les orientations gays de certains personnages ou artistes comme le poète Rimbaud. Elle part du principe que son homosexualité sert à expliquer son œuvre. Il faut donc dépoussiérer tout ça, mais la démarche de la ministre est dangereuse. On ne peut pas réduire Rimbaud à son homosexualité. Quand on est au lycée, on nous apprend, s'il le faut, sa relation compliquée avec Verlaine. Le professeur, de lui-même, aborde le sujet pour éclairer une œuvre, mais la priorité de l'enseignant est de coller au texte. Pas besoin de revoir les manuels scolaires pour écrire quatre pages sur l'homosexualité de Rimbaud.

N'y allez-vous pas un peu fort quand vous dites que la démarche de Najat Vallaud-Belkacem est dangereuse ?

Non, je suis très inquiète des propos tenus par la ministre. On ne peut pas raisonner comme elle le fait, c'est de la propagande. C'est terrifiant de réduire le génie d'un grand homme, d'un artiste, à son orientation sexuelle. Le génie, ça ne se réduit pas, pas besoin de connaitre les amours de Leonard de Vinci pour admirer ses œuvres. Dans un autre registre, le génie de Mozart ne s'explique pas parce qu'il était franc-maçon. Najat Vallaud-Belkacem veut réviser les manuels scolaires pour faire la part belle à un particularisme alors que l'histoire des grandes œuvres et des grands hommes est universelle.

Son initiative, est peut-être la meilleure manière d'enseigner aux élèves la fin de préjugés ?

Est-ce le travail de l'Education nationale de mettre en lumière les orientations sexuelles des grands hommes ? Les profs eux-mêmes sont sceptiques. Même au lycée, c'est un enseignement qui reste tabou... Et puis est-ce une priorité ? N'y a-t-il pas plus urgent que de vouloir réconcilier homosexualité et histoire ou littérature ? Pourquoi tant qu'on y est, ne pas revoir les manuels scolaires à l'aune des orientations politiques et syndicales des poètes et des écrivains ? Va-t-on encore enseigner Céline parce qu'il était antisémite ? Terrain donc extrêmement glissant pour Najat Vallaud-Belkacem que de vouloir mêler l'école à la défense de la cause homosexuelle. Quand le lycéen apprend que Louis XIII était homosexuel, est-il plus sensible pour autant à une discrimination ? Non, cette lutte ne s'apprend pas dans les livres, elle se vit, elle s'enseigne par l'exemple.

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Véronique Jacquier