Déménagement : y'a-t-il une entente sur les prix ?

Une enquête de France 3 vient pointer du doigt des ententes entre déménageurs. En alignant leurs prix, ils éviteraient ainsi la concurrence. « Complètement surréaliste », jugent les professionnels.

Un déménagement coûte cher, mais il peut coûter encore plus cher si les professionnels s’entendent entre eux. Selon un reportage de France 3, les entreprises du secteur fixeraient des prix planchers, faussant la concurrence au détriment du consommateur. La profession n'en serait pourtant pas à son premier essai, l'Autorité de la concurrence ayant déjà condamné à plusieurs reprises certaines entreprises du secteur pour pratiques anticoncurrentielles.
En 2009 par exemple, 19 sociétés du nord-est de la France ont été mises en cause pour s'être entendues et avoir fourni des devis de complaisance à des militaires, une catégorie professionnelle qui déménage souvent aux frais du ministère de la Défense. 

« Des petites entreprises qui essayent de survivre »

Pourtant, la pratique existerait toujours. Pour Patrick Dehonte, responsable Transport et déménagement à Force Ouvrière, « il suffit de s’entendre avec son voisin pour qu’un coup ce soit lui qui fasse le déménagement, une autre fois il vous renvoie la balle ». Et si elles le font, regrette Patrick Dehonte, c'est aussi peut-être parce qu'elles n'ont pas le choix : « Ce sont des petites entreprises qui essayent de survivre, elles n’ont peut-être pas d’autres moyens que de faire ce genre de choses ».

« Il n’y a rien à gagner dans le déménagement »

Tout cela est faux et impossible, s’insurge Mohamed, déménageur indépendant depuis 25 ans à Paris. « Déjà, entre déménageurs, on se déteste, on n’arrête pas de se tirer dans les pattes. C’est possible qu’il y ait des ententes cordiales, mais pas au niveau des petits déménageurs, plutôt de grosses sociétés qui font des millions d’euros de chiffres d’affaire ». Pour preuve, Mohamed fait le compte : « Pour déménager, un particulier fait en moyenne visiter son appartement par quatre ou cinq personnes. Pour que les quatre ou cinq se connaissent, c’est chaud quand même ! On est tous là à essayer de gagner son bout de pain de notre côté, il n’y a rien à gagner dans le déménagement, on se casse les reins pour gagner des clopinettes ».

« C'est complètement surréaliste ! »

Président de la Chambre syndicale du déménagement, Serge Fontaine juge lui aussi impossible une telle pratique. « Ça n’a jamais été notre politique, il n’y a jamais eu de grille tarifaire et ce n’est pas prêt d’être le cas », affirme-t-il. « Je suis dans l’Essonne, je dois avoir 60 concurrents. Vous me voyez attraper mon téléphone pour passer une journée pour appeler les confrères et demander aux confrères de s’aligner en-dessous ? C’est complètement surréaliste ».

La rédaction avec Amandine Dubiez