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Société

Consultation autour de la lutte contre la récidive

Christiane Taubira, garde des Sceaux

Christiane Taubira, garde des Sceaux - -

Christiane Taubira, ministre de la Justice, donne le coup d'envoi ce mardi d'une vaste consultation sur la lutte contre la récidive. Autour de la table : experts, professionnels et politiques.

Le gouvernement lance le chantier de la lutte contre la récidive. De cette vaste consultation regroupant experts, professionnels et politiques, sortira, à la fin de l'année, toute une série de recommandations. Le gouvernement doit s'en inspirer pour son projet de loi qui doit être présenté début 2013.

6 lois depuis 10 ans, 3 sous Sarkozy

Cette lutte contre la récidive a déjà donné lieu ces dernières années à de nombreuses lois, trois sous l’ère Sarkozy, six depuis dix ans. Il y a eu celle sur le bracelet électronique en 2005, celle sur les peines planchers en 2007 ou encore celle sur la rétention de sûreté en 2010. Et pourtant, le taux de détenus récidivistes ne cesse d'augmenter. On est passé de 4,4 % en 2000 à 11% en 2010. Sans surprise, il y a beaucoup plus de récidivistes chez les personnes condamnées pour vol ou conduite sous emprise de l'alcool, que chez les auteurs de viol ou de meurtre. En clair, plus le crime est grave, moins il y a de récidive.

Sortir du « tout carcéral »

Pour stopper cette progression, Christiane Taubira veut sortir du « tout carcéral ». La garde des Sceaux veut notamment développer pour les peines courtes, les bracelets électroniques, les peines de mise à l'épreuve ou encore les travaux d'intérêt général. Une position taxée de « laxiste » par la droite. Pourtant, selon les chiffres, il n’y a pas de comparaison possible : 63% des personnes passées derrière les barreaux ont récidivé dans les 5 ans après leur libération. 23% seulement chez les personnes placées sous surveillance électronique.

« La prison est inefficace pour lutter contre la récidive »

« C’est très réaliste de ne pas céder à un discours facile de force et de brutalité qui est inefficace », assure Sabrina Goldman, avocate et membre du club de réflexion Droit, Justice et Sécurité. Pour elle, être contre le « tout carcéral », ce n’est pas laxiste, au contraire. « La prison est inefficace pour lutter contre la récidive, soutient l'avocate. On est bien contraint de penser à de nouvelles peines qui permettent d’obliger une personne de rester en lien avec la société, se trouver un travail, indemniser la victime… Et on l’y oblige mieux en dehors d’une prison ».

« Les magistrats ne placent pas en détention par plaisir »

« A partir du moment où des juges ont décidé d’une peine d’emprisonnement ferme, c’est parce que cette personne est potentiellement plus dangereuse et récidiviste, affirme Jean-Paul Garraud, secrétaire national à l'UMP chargé de la justice. On ne va pas offrir une alternative à l’incarcération à une personne dont on sait qu’elle va recommencer. Les magistrats ne placent pas en détention par plaisir, c’est parce qu’on sait que cette personne, si elle reste dans le circuit social, il y a de fortes chances qu’elle recommence ».

La Rédaction avec C. Martelet et M. Chupin