Comment les autrices de L'officiel des prénoms prédisent les tendances à venir

Les petites filles qui naîtront l'année prochaine s'appelleront Emma, Jade et Louise. Pour les petits garçons, ce sera Gabriel, Raphaël et Léo. - Philippe Huguen - AFP
Quels sont les prénoms qui fleuriront dans les maternités en 2020? Stéphanie Rapoport et Claire Tabarly-Perrin publient ce jeudi la 17e édition de L’officiel des prénoms 2020* et prévoient le succès des prénoms courts - à l’instar de Gabin - et avec des terminaisons en -a pour les filles, comme Léa, Léna ou encore Mila. Mais comment les autrices arrivent-elles à dégager de telles tendances?
Statistiques et sociologie
Leur travail de prédiction s'appuie sur l'analyse de l'évolution des données de l'Etat civil et de l'Insee, expliquent-elles à BFMTV.com. "On prend les relevés des six dernières années et on compare les trois premières aux trois dernières, puis on pondère les tendances qui s’en dégagent. Ce travail nous permet de faire des projections sur 13 mois", commence Stéphanie Rapoport. L’explication à peine terminée, Claire Tabarly-Perrin prend le relais:
"Stéphanie est très modeste, elle ne précise pas que la pondération repose sur son expérience de plus de 15 ans. Aux données récoltées, elle ajoute un contexte historique et sociologique."
Les autrices savent repérer les moindres changements de tendance, ne serait-ce que dans la nouvelle orthographe d’un prénom. Un profane pourrait avoir l’impression que le palmarès ne varie pas énormément d’une année sur l’autre, mais "en réalité, on est très loin du ronron apparent", souligne Claire Tabarly-Perrin.
Changements de dernière minute
Si la méthode de projection des deux spécialistes semble bien rodée, elles précisent qu’elles ne sont jamais à l’abri d’un bouleversement de dernière minute.
"Parfois, un élément d’actualité peut tout changer, particulièrement quand la cote de popularité entre deux prénoms est serrée. Alors, quelques dizaines de naissance peuvent modifier la tendance préalablement dégagée", détaille Stéphanie tandis que Claire renchérit: "Par exemple, on avait observé que le prénom Charlie était très en vogue, il était censé le rester mais les attentats de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, ont fait chuter sa popularité."
L’actualité et les faits de société trouvent donc une place importante entre les statistiques de l’Insee et les relevés d'Etat civil.
"Les tendances sont représentatives des modes de vie des Français", raconte Claire Tabarly-Perrin.
Au delà des frontières
Dans leurs projections, les autrices misent sur trois catégories de prénoms: ceux qui sont courts, "avec le monde moderne où tout s’accélère, il faut aller vite". Émergent ensuite les prénoms multiculturels qui font voyager:
"Ils ont une résonance historique dans les trois religions monothéistes et plaisent aussi aux personnes laïques. On trouve par exemple Lina qui signifie 'jasmin" en chinois et 'souple' en arabe", précise Claire Tabarly-Perrin.
Enfin, les prénoms internationaux devraient toujours avoir le vent en poupe en 2020.
"Ils dépassent les frontières et se font comprendre partout dans le monde, comme Aaron, Sophia, Victoria ou encore Olivia, continue-t-elle.
Une manière d'affirmer une forme de contre-courant face au repli des sociétés sur elles-mêmes.
"Les parents abaissent les frontières avec ces choix de prénoms quand, en parallèle, de nombreux chefs de gouvernement tentent de les fermer."
*Aux éditions First.
Pour connaître les prénoms les plus populaires dans chaque département, consultez notre carte interactive qui existe en version féminine et en version masculine.