Choc de simplification : 201 mesures pour vous faciliter la vie

Jean-Marc Ayrault doit présenter ce mercredi 201 mesures pour simplifier l’administration et le quotidien des Français. Si certaines, comme le paiement des cartes grises en ligne, font l’unanimité, d’autres inquiètent des spécialistes qui craignent, par exemple, un développement de l’usurpation d’identité avec la réforme des cartes d’identité.

Simplifier le fonctionnement de l’Etat, mais aussi le quotidien des Français. C’est l’ambition de la réforme que Jean-Marc Ayrault doit présenter ce mercredi après-midi à l'issue d'un comité interministériel à 15h. Si, en parallèle, il doit annoncer 3 milliards d’euros d’économies, dont 1,5 milliard de baisse d’aides aux entreprises, le Premier ministre donnera aussi de bonnes nouvelles : 201 mesures de simplification pour les particuliers comme les entreprises. On y trouvera, pêle-mêle, un paiement en ligne des cartes grises, un prolongement de la durée de vie des cartes d’identité, ou encore des tickets restaurants numériques.

« Une bonne chose »

Les automobilistes pourront donc éviter d’avoir à se déplacer en préfecture pour payer leur carte grise. Et s’ils ont commis une infraction, ils pourront aussi consulter leur solde de points en ligne. « On passe de l’enfer à quelque chose de normal », considère Pierre Chasseray, délégué général de 40 millions d'automobilistes. « Ce que gagne l’automobiliste, c’est évidemment du temps qu’il n’aura pas à consacrer pour des déplacements en préfecture, c’est toujours assez chronophage. Certains automobilistes peuvent perdre deux ou trois heures. En payant la carte grise en ligne, on simplifie la démarche administrative de la préfecture. Et si on permet en plus d’avoir un accès rapide à des informations essentielles pour que l’automobiliste puisse savoir en temps réel où il en est dans ses points, c’est une bonne chose ».

« Sécuriser le salarié, un avantage pour les restaurateurs »

Autre innovation, les tickets restaurants devraient être dématérialisés, c'est à dire remplacés par des cartes rechargeables, comme des cartes bleues. 120 000 entreprises, 3,5 millions de salariés et 160 000 restaurateurs sont concernés. « La dématérialisation, c’est simplement supprimer les tickets papier et les remplacer par une carte, créditée tous les mois du montant auquel vous avez droit par votre employeur », explique le président du SYNHORCAT, syndicat de l'hôtellerie et de la restauration, Didier Chenet. Pour lui, « ça sécurise le salarié, parce que s’il perd la carte, on fait tout de suite opposition, et c’est un avantage pour le restaurateur qui va encaisser immédiatement la somme. Légalement, il n’était pas autorisé de rendre la monnaie sur le ticket, demain, la carte sera débitée exactement du montant de l’achat ».

« On facilite la vie du crime organisé »

Mais toutes les mesures n’ont pas pour autant séduit tout le monde. Ainsi, la durée de validité d’une carte d’identité pourrait passer de 10 à 15 ans. Dangereux, estime le criminologue Christophe Naudin sur RMC. « La plupart des victimes réalisent que leur identité a été usurpée au moment où ils renouvellent leur carte, entre 2 et 20 ans après les faits en moyenne », calcule-t-il. Rallonger ce délai, c’est donc rallonger la période où la carte d’identité peut servir à d’autres sans que personne ne s’en rende compte. Pour lui, la réforme est donc « une fausse bonne idée. On simplifie les mesures administratives, mais en réalité, on facilite aussi la vie pour le crime organisé ou les fraudeurs, car on va étendre la durée de vie de leur capacité à usurper notre identité ».

Mathias Chaillot avec Pauline Baduel