"Ces entreprises doivent partir": après l'incendie de Rouen, l'inquiétude des riverains de sites Seveso installés en centre-ville

Ils sont 1312 implantés sur le territoire français, parfois à proximité des centres-villes. Les riverains des sites Seveso s'inquiètent depuis le violent incendie survenu jeudi dernier dans l'usine chimique Lubrizol, située au cœur de la ville de Rouen, à seulement trois kilomètres de la célèbre cathédrale. Un tel emplacement n’est pas un cas isolé.
A Toulouse, deux sites Seveso (en rouge sur la carte ci-dessous) se côtoient dans la ville: un dépôt pétrolier Esso et une société de traitement chimique des métaux dans laquelle un départ de feu a été constaté lundi soir. Un nouvel incident qui alarme les riverains.
"On a su qu'il y avait eu un début d'incendie. L'an dernier, on avait observé la même chose. Ça veut dire qu'il y a toujours ce risque. Un jour, ce sera un gros incendie et ce sera le détonateur", s'agace le Toulousain Christian Hermosilla.

La préfecture a rapidement rassuré les habitants de la ville rose, précisant que le départ de feu avait été maîtrisé, sans risque de toxicité. Mais à Toulouse, les riverains restent traumatisés par la catastrophe industrielle d'AZF, l'explosion d’un stock de nitrate d’ammonium, qui avait fait 31 morts et 2500 blessés en 2001.
"Rouen a fait peur"
A Donges, en Loire-Atlantique, moins d’un kilomètre sépare la raffinerie Total, classée Seveso seuil haut (en rouge sur la carte ci-dessous), du centre-ville. Michel Le Cler, coordinateur des associations riveraines de sites Seveso, habite cette commune et, comme beaucoup de voisins, les risques d’accident le préoccupent.
"S’il y avait explosion, je ne sais même pas si quelqu’un pourrait appuyer sur le bouton de la sirène, déplore-t-il au micro de BFMTV. Le bourg de Donges n’existe plus, y compris un certain nombre de communes environnantes."
Il réclame que l’Etat mette en place une réglementation plus stricte: "Il faudrait que les pouvoirs publics soient beaucoup plus incisifs et obligent les industriels à des réductions du risque à la source."

Les habitants de Grigny, en Essonne, s’inquiètent eux aussi de l’implantation d’une usine classée Seveso seuil haut au cœur de la ville. L’entreprise de stockage d’hydrocarbures en question est dans la viseur du maire Philippe Rio.
L’incendie de "Rouen a fait peur à toute la population qui se dit ‘ça peut arriver chez nous’. Ces entreprises doivent partir le plus rapidement possible", prévient-il.
Des usines "quasiment imbriquées dans une ville"
Dans la commune voisine, à Ris-Orangis, le maire réclame également le départ de l'entreprise Antargaz. Des demandes entendues par le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, qui a reconnu qu'il serait "utile" de revoir les règles d'implantation des usines sensibles.
"Avoir des usines classées Seveso qui sont quasiment imbriquées dans une ville, on ne ferait plus ça aujourd'hui", a-t-il déclaré sur le plateau du Grand Jury de RTL et LCI.
Et d'ajouter: "L'urgence aujourd'hui c'est de garantir la sécurité sanitaire des habitants de Rouen. Après, qu'on fasse un retour d'expérience, que nous regardions quelles leçons il faut en tirer sur les implantations d'usines, sur les usines à risque, sur la topographie de toutes les usines à travers le territoire, pourquoi pas, je pense que ça pourrait être utile."