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Calais: la question des mineurs au coeur du démantèlement de la "Jungle"

En parallèle du démantèlement de la "Jungle" de Calais, l'ONU a demandé à la France de prendre en charge les mineurs restés sur place. 1.451 ont été "mis à l'abri" selon la formule gouvernementale dans des centres d'accueil et d'orientation, alors que seulement 274 mineurs isolés ont gagné la Grande-Bretagne.

Une centaine de mineurs isolés ont été envoyés par car vers Rouen et Toulouse dans des centres d'accueil et d'orientation, ce vendredi. Le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies l'avait demandé, dans le cadre du démantèlement de la "Jungle" de Calais, la France doit prendre en charge les mineurs restés sur place.

Depuis dix jours, 1.451 d'entre eux ont été "mis à l'abri" selon les autorités françaises, conduits dans des centres d'hébergements. "On est allé au-delà de l'objectif" a souligné la préfecture du Pas-de-Calais, se référant aux chiffres de France Terre d'Asile (FTDA) qui avait recensé 1.291 mineurs.

Mais au final très peu gagnent la Grande-Bretagne, seulement 274 mineurs isolés jusqu'ici, et beaucoup restent sur place dans l'espoir de pouvoir un jour rejoindre de la famille de l'autre côté de la Manche.

"Cela fait huit mois que je suis dans la jungle. Tous mes amis s'en vont, tous mes amis. En Grande-Bretagne, j'ai ma sœur, deux cousins, j'ai tout! Il y a des personnes ici qui partent là-bas alors qu'ils n'ont personne en Grande-Bretagne. Pourquoi est-ce que moi je ne peux pas y aller? Je veux aller en Grande-Bretagne!", proteste ce mineur interrogé par BFMTV.

Une centaine de mineurs emmenés vers des CAO

Dans la nuit de mercredi à jeudi, un groupe s'était constitué alors que le centre de transit pour passer en Angleterre venait de fermer ses portes de façon définitive. Ils ont été rejetés car considérés comme majeurs. D'autre part, une source proche du dossier a précisé à l'AFP: "On a vu des voitures immatriculées en Belgique, aux Pays-Bas, déposer des mineurs". Ces personnes, arrivées donc trop tard à Calais, n'ont pas pu se faire enregistrer durant "l'opération humanitaire" qui a eu lieu de lundi à mercredi soir en vue du démantèlement de la "Jungle" de Calais.

L'ensemble de ces mineurs a donc dormi dehors dans la nuit de mercredi à jeudi puis dans une église et une mosquée situées dans la "Jungle", la nuit de jeudi à vendredi. Une partie de ces mineurs ont accepté d'être pris en charge. Ils font partie de la centaine emmenée ce vendredi vers Rouen et Toulouse, dans des centres d'accueil et d'orientation (CAO) réservés aux mineurs.

Les associations tirent la sonnette d'alarme

"Il ont fait un premier pas, décidé d'envisager de rester en France et c'est bien. Ça a été assez difficile de les décider puisqu'il y a toujours un moment où chacun doit se dire 'ça y est je prends une décision pour le reste de ma vie' et ça c'est assez difficile", témoigne Christian Salomé, président de l'association "L'Auberge des migrants" pour BFMTV.

Les associations tirent depuis longtemps la sonnette d'alarme en ce qui concerne le sort réservé aux mineurs. A Calais, un migrant sur dix se déclare mineur, la plupart ont entre 15 et 18 ans et viennent presque toujours non accompagnés.

Astrid Landon avec l'AFP