BFMTV au cœur de la jungle de Calais, "une ville dans la ville"

On en parle beaucoup, on le voit assez peu. Le camp de migrants et de réfugiés installé aux abords du tunnel sous la Manche a hérité du surnom peu flatteur de "Jungle de Calais". Natacha Bouchart, maire Les Républicains (LR) de la ville, et Xavier Bertrand, président LR de la région, ont été reçus ce mercredi par Bernard Cazeneuve et Jean-Jacques Urvoas, le nouveau ministre de la Justice, pour évoquer la situation toujours difficile autour du vaste campement. Le ministre de l'Intérieur a annoncé dans la foulée l'interdiction de toute manifestation qui troublerait l'ordre public, ainsi que des contrôles à l'entrée du bidonville. BFMTV a pu pénétrer mardi à l'intérieur. Notre reporter Salhia Brakhlia est venue décrire en plateau ce qu'elle a découvert.
"Plus vous vous rapprochez, plus le climat est tendu"
"Dès que vous arrivez en gare de Calais, on vous donne le ton. La police et les gendarmes sont partout sur l'autoroute et, plus vous vous rapprochez du camp, plus le climat est tendu", relate notre journaliste, choquée de voir une "telle misère et situation sanitaire en France".
Faute de pouvoir aller en Angleterre, des migrants installés depuis plusieurs mois ont commencé à s'organiser. Les lieux se transforment progressivement en petite ville. On voit apparaître des lieux de culte, des écoles et des magasins. Une des travées est même appelée la rue commerçante. Un boulanger officie, un coiffeur offre des coupes à 2, 3 euros en fonction du client, un primeur vend fruits et légumes. Les prix sont relativement élevés, trois clémentines pour 1 euro, par exemple. Mais pour aller faire ses courses en ville, il faut payer une voiture et l'aller-retour coûte 20 euros. Autant dire qu'on a vite fait ses comptes.
"C'est fait pour les animaux"
A l'intérieur des baraquements, le vent circule et il fait très froid, en particulier la nuit. Un homme est allongé dans son lit dans une pièce qu'il partage avec cinq autres personnes. Il confie que même avec cinq couvertures, il n'arrive pas à se réchauffer. Le quotidien est très dur mais les habitants du camp ne comptent pas reculer. Un Iranien est déterminé à rejoindre le Royaume-Uni pour retrouver ses proches. Cet homme de 34 ans a déjà échoué plusieurs fois. Il a même tenté de prendre un train en marche. "La police m'a rattrapé, m'a ramené ici et m'a dit 'retourne dans la jungle', mais la jungle ce n'est pas un endroit pour les êtres humains, c'est fait pour les animaux", s'insurge-t-il.
Salhia Brakhlia rappelle cependant que "pour remédier à ce désastre humanitaire, l'Etat a mis en place 125 containers qui peuvent accueillir jusqu'à 1.500 migrants. C'est propre, c'est chaud, c'est sécurisé mais les migrants ne veulent pas y aller parce que pour y accéder il faut montrer ses empreintes digitales mais ils ont peur d'être fichés".