Après le confinement, elles ont décidé de changer de vie

Des promeneurs à La Baule, en Loire-Atlantique, lors de la réouverture de la plage le 13 mai 2020 (photo d'illustration) - Loïc Venance-AFP
La crise sanitaire et économique liée au coronavirus les a ébranlées et leur a ouvert de nouveaux horizons. En quête de sens dans leur vie professionnelle, aspirant à un mode de vie moins urbain, voire plus proche de la nature, ou tout simplement parce qu'elles ont envie d'espace, trois jeunes femmes racontent à BFMTV.com leurs aspirations à une nouvelle vie.
- "On est passé à autre chose"
C'est le cas de Sarah*, une journaliste de 33 ans qui réside à Montrouge, dans les Hauts-de-Seine. Cette jeune femme, mère d'une petit garçon de 14 mois, n'envisage plus de continuer à vivre en appartement. "On avait le projet d'acheter avec mon conjoint un trois-pièces avec balcon en proche banlieue, mais maintenant, on est passé à autre chose", raconte-t-elle à BFMTV.com.
Fini la perspective d'achat à proximité d'une station de métro parisien, Sarah se projette désormais dans une maison avec jardin en grande banlieue, notamment du côté de Rambouillet. Et a commencé à éplucher les annonces immobilières.
"Je me disais: 'C'est bien d'être près de Paris pour pouvoir passer des soirées avec les copines ou aller au théâtre'. Et puis il y a eu les grèves de décembre, le confinement et le covid-19 qui est toujours là. Au final, on se voit très peu. Il me semble que je profiterai plus de mes amis en les invitant chez nous, dans notre maison."
Sur le plan des transports, la trentenaire ne pense pas être perdante, elle qui passait déjà deux heures par jour dans les bus et tram lorsqu'elle devait se rendre sur son lieu de travail - elle travaille à distance depuis le début du confinement.
"Je prendrai la voiture et puis s'il le faut, je me lèverai un peu plus tôt. Moi qui me disais 'la vie à la campagne, ce n'est pas pour moi', j'ai pris conscience qu'au final, on paie très cher une qualité de vie qui n'est pas terrible."
- "Ma vie n'est plus ici"
Marine*, 29 ans, en a elle aussi assez de sa vie parisienne. Cette commerciale dans la publicité qui pensait déjà avant la pandémie à retourner à plus ou moins long terme en province d'où elle est originaire en est dorénavant convaincue: elle doit quitter la capitale.
"On vit dans de petits espaces, les loyers sont hors de prix et ce n'est même pas la peine d'envisager de devenir propriétaire, confie-t-elle à BFMTV.com. Dans la région où j'ai grandi, du côté de Lyon, on peut s'offrir un pavillon pour le prix d'un deux-pièces parisien."
L'objectif est aussi de se rapprocher de sa famille. "Avant, c'était juste une idée, mais maintenant, j'en suis certaine. Ma vie n'est plus ici." Marine reconnaît que quitter Paris signifie aussi renoncer à la vie sociale qu'elle s'était tissée depuis dix ans et "abandonner" ses amis. Mais le confinement lui a fait voir les choses autrement.
"En étant confinée presque deux mois, j'ai bien vu qu'il était possible de garder le contact à distance. Et puis je le vois avec ceux qui vivent en province, ils ont de l'espace et sont bien plus heureux dans leur jardin."
Marine imagine déjà une vie "plus facile", sans heures passées dans les transports en commun et plus libre, sans les contraintes de la densité urbaine et la promiscuité de la capitale. La seule difficulté: trouver un emploi en cette période d'incertitudes économiques. Mais elle se dit prête à revoir ses ambitions à la baisse pour réaliser son rêve.
- "Je me suis demandé: 'Mais qu'est-ce que je fais là?'"
Pour d'autres, le confinement a été l'occasion d'une profonde remise en question. Comme Maude*, 35 ans, qui télétravaille pour une banque depuis près de deux mois. La jeune femme aspire à un changement de vie radical. "Je me suis rendu compte que je n'ai plus rien à faire dans ce milieu", témoigne-t-elle pour BFMTV.com.
"Je me suis demandé: 'Mais qu'est-ce que je fais là?' Et je me sens de moins en moins en adéquation avec mon travail. Jusqu'à aujourd'hui, je passais tout mon temps au travail, le confinement m'a ouverte à d'autres choses. La vie, ce n'est pas qu'aller bosser."
La jeune femme souhaite dorénavant donner plus de sens à ses choix professionnels et envisage sérieusement une reconversion dans le financement solidaire. Elle a déjà commencé à se renseigner sur les postes disponibles. "J'avais déjà fait l'expérience de voyages solidaires. L'idée, ce serait de reproduire ce même schéma, mais en France."
Et il n'y a pas que sur le plan professionnel que Maude a revu ses priorités. "Je souffrais beaucoup de mon statut de célibataire, moi qui souhaite depuis des années fonder une famille. Pourquoi devrais-je forcément attendre de rencontrer quelqu'un?" La trentenaire envisage dorénavant de formuler une demande d'adoption.
"Avant, je ne me serais jamais imaginé que ce serait possible pour moi. Le confinement a été une sorte de déclic: bien que j'aie plus de travail, je me suis consacré plus de temps. Et puis je n'avais plus d'excuse pour ne plus m'écouter. Je ne sais pas si et quand je vais y arriver. Mais je vais essayer."
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