Aix: 12 ans de prison pour avoir transmis sciemment le virus du sida

Christophe Morat quitte, le 04 janvier 2005, la cour d'appel de Colmar après sa première condamnation. - Frédéric Florin - AFP
Christophe Morat, jugé depuis lundi devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône pour avoir transmis le VIH, sciemment et en récidive a été condamné jeudi à 12 ans de réclusion criminelle. L'homme de 40 ans a été reconnu coupable d'avoir contaminé une femme et d'en avoir exposé cinq autres à ce risque. Il avait déjà été définitivement condamné en 2005 pour des faits similaires à six ans d'emprisonnement.
L'avocate générale avait requis 15 ans de réclusion criminelle contre cet homme de 40 ans, qui avait déjà été définitivement condamné en 2005 à six ans d'emprisonnement pour des faits similaires.
Christophe Morat était jugé pour "administration volontaire de substances nuisibles" à plusieurs femmes, ayant entraîné pour l'une d'entre elles, contaminée, "une mutilation ou une infirmité permanente" et pour cinq d'entre elles, séronégatives, une atteinte à l'intégrité psychique, le tout "avec préméditation et en état de récidive légale".
Un homme possédant "deux personnalités"
L'avocate générale Martine Assonion l'a dépeint jeudi comme un homme "théâtral, comédien", "charmeur, séducteur", mais qui possède "deux personnalités", le "tendre" et le personnage "abject, qui parle de manière dure".
Dans son réquisitoire, elle est longuement revenue sur les multiples aventures sexuelles de l'accusé dès sa sortie de prison, entre 2008 et 2011 . "Christophe Morat est en chasse", et va "continuer son oeuvre destructrice".
"La trahison, l'infidélité, sont le lot de la nature humaine, mais ne constitue pas une infraction pénale", rappellera pour la défense maître Barbara Camoin.
L'avocate générale a aussi affirmé que Christophe Morat "connaissait tous les modes de transmission" du VIH, alors que certaines partenaires ont raconté comment il prétendait qu'il n'y avait "pas de risques" puisque il n'éjaculait pas en elles. Les avocats de la défense ont contesté pied à pied le raisonnement juridique de l'accusation.
Contaminée, la victime avait continué à vivre avec l'accusé
"J'ai pas menti... J'ai pas dit la vérité, c'est tout", s'était défendu mercredi, l'accusé, les traits émaciés, exprimant toutefois de profonds regrets. Bras croisés, d'une voix hésitante, parfois ému, il a ainsi déploré "ne pas avoir pris la décision par (lui)-même d'avoir mis un préservatif", tout en niant avoir menti sur les risques qu'encouraient ses partenaires, notamment à celle à qui il a transmis le virus: "A aucun moment, je lui ai fait croire que je n'étais pas contaminant."
Cette femme de 43 ans a, elle, longuement raconté comment elle était tombée sous "l'influence" de l'accusé ; comment des soupçons sur la fidélité de son partenaire l'avaient amenée à découvrir sur internet son ancienne condamnation ; comment il l'avait convaincue de rester avec lui, d'avoir de nouveau des rapports protégés, puis non protégés ; comment, enfin, elle avait été contaminée et avait, malgré tout, continué à vivre avec lui.
A la fin de l'audience, Christophe Morat a de nouveau demandé pardon aux femmes assises en face de lui sur le banc des parties civiles, avant que le jury se retire pour délibérer.