Agressions homophobes: "on garde en tête l’idée qu’on peut encore mourir parce qu’on est homosexuel"

Quand ils marchent dans la rue, Antoine et Nicolas ne se tiennent pas la main. Ce couple de Parisiens a pris l'habitude de rester discret sur leur homosexualité.
"On fait attention. Il y a une sorte d'accord tacite entre nous qui fait qu'on ne se tient pas la main, qu'on ne va pas faire de grande démonstration", expliquent-ils sur BFM Paris.
Ces précautions, Antoine et Nicolas les prennent à chacune de leurs sorties en couple dans Paris, une ville qu'ils jugent pourtant plutôt sûre pour les homosexuels.
"Malgré tout ce que la ville a pu faire pour faciliter la vie des homosexuels, on est obligé de garder en tête l'idée qu'on peut encore mourir parce qu'on est homosexuel, parce qu'on est lesbienne, parce qu'on est trans à Paris", poursuivent-ils.
"Le climat n'est pas très bon en ce moment"
Ces dernières semaines, plusieurs agressions homophobes se sont produites à Paris. Lundi soir, un couple de femme a été pris à partie et frappé place de la République. Le week-end dernier déjà, un couple d'hommes avait été passé à tabac après s'être embrassé dans la rue. Le mois dernier, un comédien qui avait enlacé son compagnon avait lui aussi été violemment attaqué.
Du côté du Bois de Boulogne, une prostituée transgenre a été tuée fin août et une autre agressée en septembre.
"Le climat n'est pas très bon en ce moment", résument Antoine et Nicolas, eux-mêmes déjà victimes d'actes homophobes sur les Champs-Elysées: "on remontait du métro sur un escalator, on devait être un petit peu trop collé au goût d'un gars qui en passant, en descendant, nous regarde et nous dit 'c'est dégueulasse.'"
Inquiétude des élus et associations
Ces actes homophobes inquiètent élus et associations, alors que les débats sur l'ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes auront lieu début 2019 à l'Assemblée.
"Septembre, octobre et même les mois qui ont précédé, on a assisté à un nombre d'actes LGBTophobes croissants alors que justement les débats sur la PMA n'ont toujours pas commencé. Qu'est-ce que ça va être cet hiver?", alerte Catherine Michaud, conseillère municipale du 2e arrondissement et présidente de GayLib.