Xynthia : la Cour des comptes épingle l'Etat

Maison détruite par le passage de la tempête Xynthia en février 2010 - -
Plus de deux ans après la tempête Xynthia, qui avait provoqué des inondations mortelles en Vendée et Charente-Maritime, la Cour des comptes accable l'Etat pour sa gestion du rachat des habitations sinistrées ou situées en zone noire.
Dans un rapport de 300 pages, publié jeudi, la Cour dénonce « le caractère précipité » de ces rachats par l'Etat provoquant ainsi « des dépenses redondantes et inutiles ». Suite au passage de la tempête sur le littoral Atlantique en Février 2010, l'Etat avait racheté 701 maisons en Vendée pour une facture de 151,5 millions d'euros, et de 458 biens pour un coût de 141,8 millions d'euros Charente-Maritime.
« Des maisons rachetées alors qu’elles n’ont pas eu 1 cm d’eau »
Le rapport de la Cour des comptes pointe notamment du doigt l'acquisition de maisons hors zones noires, dites "dangereuses", ou encore des exonérations d'impôts sur les plus-values des résidences secondaires. Certaines habitations ont même été rachetées le double de leur prix initial. « Des maisons ont été rachetées par l'Etat alors qu'elles n'ont pas eu 1 cm d'eau » râle François Anil, de l'association des victimes de La Faute-sur-Mer (Vendée).
A quelques kilomètres de là, Jean-René Kermer, représentant des victimes de Charron (Charente-Maritime), souligne lui aussi des contradictions dans les rachats de résidences : « Par exemple, dans la rue du 19 mars, 10 maisons ont été rachetées. Puis on a fait revenir les experts qui ont alors ressorti ces maisons des zones noires. Ils ont dit, "non ces maisons ne sont pas dangereuses". Mais l'Etat les avait déjà rachetées ! ».
« Le chef de l’Etat est arrivé en hélicoptère en disant il faut tout raser »
Comment expliquer alors cette précipitation de l’Etat ? Pour Jacky Laugraud, « ces rachats précipités, c'était une "connerie" suite à une intervention du chef de l'Etat (Nicolas Sarkozy, NDLR) qui est arrivé avec un hélicoptère en disant "il faut tout raser". Donc il a fallu faire un zonage. Ce zonage a été contesté par endroit. Il aurait fallu à cette époque-là prendre 3 mois pour réfléchir avant de racheter, de raser et de mettre les gens dans des difficultés supplémentaires après la tempête Xynthia ».