Procrastinateur? L'anatomie de votre cerveau est en cause

Un médecin pratique l'IRM d'un patient. (illustration) - ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
Il y a ceux qui font et ceux qui remettent toujours au lendemain. Mais pourquoi est-on ou non un procrastinateur? Par habitude, par déterminisme social, par héritage éducationnel, par caractère? Tous ces facteurs jouent incontestablement un rôle. Mais des chercheurs ont voulu aller plus loin et ont cherché, à grand renfort d'IRM, s'il existait une différence physiologique entre les procrastinateurs et les individus proactifs. Les cerveaux de 264 personnes, femmes et hommes, ont été analysés. Les candidats ont ensuite répondu à des questions permettant d'évaluer de quel côté ils penchaient.
Il ressort de l'étude publiée dans la revue Psychological Science, que les plus enclins à différer leurs actions sont aussi ceux qui possèdent l'amygdale la plus volumineuse. Ce noyau pair situé dans la région antéro-interne du lobe temporal est reconnu comme étant déterminant dans la régulation de nos émotions et particulièrement du sentiment de peur.
"Ainsi, les personnes ayant une amygdale plus volumineuse pourraient être plus inquiètes à propos des conséquences négatives d'une action - elles ont tendance à hésiter et à reporter les choses", expliquent les auteurs.
Le cerveau reste hautement malléable
En clair, ce n'est donc pas un supposé manque d'ambition ou la paresse qui pousseraient les procrastinateurs à temporiser leurs actions et prises de décisions. Les chercheurs suggèrent que les procrastinateurs sont moins à même de filtrer les émotions interférant avec leur objectif. L'amygdale est au centre du contrôle des actions et guide l'individu vers le comportement le plus souhaitable tout en inhibant les actions pouvant entraîner des conséquences néfastes. Mais beaucoup de ces comportements sont aussi tributaires de notre mémoire, de notre expérience. Ce qui peut paraître comme un handicap peut aussi se transformer en atout.
"En ce qui concerne le contrôle de l’action, cela pourrait signifier que les individus avec un plus grand volume d’amygdales ont tiré des leçons des erreurs passées et évaluent plus largement les actions futures et leurs conséquences éventuelles", avancent les auteurs.
D'autres différences physiologiques
D'autres différences physiologiques ont aussi été constatées chez les deux groupes. Les chercheurs ont ainsi découvert que les connexions entre l'amygdale et le cortex cingulaire antérieur dorsal (CCA) étaient moins prononcées chez les sujets dont le contrôle de l'action était médiocre. Cela corrobore la suggestion des auteurs selon laquelle si la connexion entre l'amygdale et le CCA dorsal est altérée, le contrôle de l'action est altéré.