Grâce à l'évolution, la souris sauterelle est insensible au venin d'un scorpion

Une souris sauterelle étudiée par les scientifiques américains. - -
La souris sauterelle peut savourer un scorpion en toute tranquillité. Ce rongeur d'Amérique du Nord a génétiquement évolué de façon à être insensible aux effets des piqûres d'un scorpion, indiquent les résultats d'une étude publiés jeudi aux Etats-Unis.
Il est rare que l'évolution neutralise le mécanisme de la douleur qui permet de protéger le corps des agressions extérieures et de signaler une maladie, relèvent ces scientifiques dont l'étude paraît dans la revue américaine Science datée 25 octobre.
Pour percer le secret de la résistance de la souris sauterelle (onychomys torridus), ces chercheurs ont étudié les effets du venin de ce scorpion chez d'autres espèces de souris dépourvues de ce mécanisme biologique. Ils ont découvert que les toxines dans le venin du scorpion neutralisaient certains neurones chez la souris sauterelle mais les activaient chez les autres rongeurs.
Le venin neutralisé par la souris sauterelle
Le venin de ces scorpions contient de puissantes neurotoxines qui agissent sur le système nerveux central et le système cardio-vasculaire, provoquant des contractions musculaires intenses et une insuffisance respiratoire.
Après une série d'expériences, ces scientifiques, dont notamment Ashlee Rowe de l'Université du Texas à Austin, ont constaté que le venin activait certains récepteurs de la douleur chez les souris normales, comme d'ailleurs chez tous les mammifères, mais pas chez la souris sauterelle.
Chez cette dernière, les biologistes ont découvert qu'un autre récepteur résultant d'une mutation produisait des acides aminés différents capables de se lier aux toxines du venin et de neutraliser tous les autres neurones récepteurs de la douleur environnants.
Vers des traitements anti-douleur?
En fait, le venin semble neutraliser temporairement toute forme de douleur chez la souris sauterelle, explique la chercheuse. Ce trait biologique pourrait potentiellement aider les chercheurs à développer des traitements anti-douleur et des antidotes au venin de ce scorpion (Centruroides sculpturatus).
Ce mécanisme de défense est comparable à celui observé chez le rat taupe nu, insensible à la douleur, ce qui lui permet de résister à des teneurs très élevées en dioxyde de carbone dans les galeries souterraines où il vit.