Canicule : a-t-on retenu les leçons de 2003 ?

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Une chaleur étouffante, des nuits de plus en plus chaudes. Le spectre de la canicule flotte sur la France ces jours-ci et pourrait bien s’abattre sur l’hexagone ce week-end et en début de semaine prochaine. Ironie du calendrier et du climat, il y a 10 ans tout juste, une longue canicule de deux semaines tuait 20 000 personnes en France (principalement des personnes âgées) et 70 000 en Europe.
Depuis 2003, les autorités disent avoir pris des mesures et ont mis en place les « plans canicules » (spots radio et télé avec conseils d'hydratation, mise à l'abri, mesures pour les personnes sans-abri, les personnes âgées, isolées...). Les « établissements pour personnes âgées dépendantes » (EPAD) ont notamment eu l'obligation de se doter de salles dites « rafraîchies », propulsant de l'air inférieur de 10 degrés à la température extérieure.
« Aujourd'hui, on serait capable de réagir »
10 ans après, éviterait-on un tel drame ? « Aujourd'hui, avec les plans canicule, on serait capable de réagir, estime Pascal Champvert, président de l'association des directeurs d'établissements pour personnes âgées. On n’aurait pas l'effet de surprise de 2003. Pour autant tous les problèmes ne seraient pas réglés. Donner à boire aux personnes âgées régulièrement, leur humecter la peau, les accompagner dans des pièces rafraîchies, ça demande des professionnels. Or, le nombre de professionnels a très peu augmenté depuis 2003. S’il y a à nouveau un problème climatique, on ne peut pas prendre le pari qu'il y aura zéro mort. Qui peut faire en sorte qu'il y ait plus de professionnels dans les établissements ? Ce sont les pouvoirs publics, en donnant les moyens aux établissements et aux entreprises de services à domicile de recruter les professionnels dont ils ont besoin ».
« Qu'on prenne des coups de canne ? Oui, ça peut arriver »
Manque de bras dans les maisons de retraite ? RMC s’est rendue dans un EPAD, à Saint-Maur des Fossés, dans le Val de Marne. Alors que le mercure dépasse depuis quelques jours les 30 degrés, on a déjà posé les stores aux fenêtres, installé les brumisateurs, rouvert les salles climatisées. « Depuis 2003 on fait plus attention », assure Murielle l’une des infirmières. Mais face à l’obstination de certains résidents, il n’est pas toujours facile de faire de la prévention : « Il y a des résidents qui refusent de boire ou de se déshabiller, parce qu'ils ont froid, parce qu'il y a des courants d'air et qu'ils n'aiment pas ça. Qu'on prenne des coups de canne ? Oui, ça peut arriver ». « Pour fermer les rideaux, inviter les résidents à boire, c'est bien des moyens humains dont on a besoin et pas tant des moyens matériels », réclame Murielle. Ici, ils sont 140 salariés (y compris le personnel administratif) pour 209 résidents : autant qu'en hiver... et pas plus qu'en 2003.