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Un premier cas détecté en Guinée: qu'est-ce que le virus de Marburg?

Un scientifique portant une protection, dissèque une chauve-souris, dans le cadre de recherches sur le virus Marburg, le 15 août 2007 en Ouganda

Un scientifique portant une protection, dissèque une chauve-souris, dans le cadre de recherches sur le virus Marburg, le 15 août 2007 en Ouganda - CHRISTOPHER BLACK / WORLD HEALTH ORGANIZATION / AFP

Identifié en 1967, plusieurs cas de la maladie liée à ce virus sont régulièrement identifiés dans différents pays. Proche d'Ebola, sa létalité peut grimper jusqu'à 88%.

Un premier cas de la maladie à virus de Marburg, hautement virulente et provoquant une fièvre hémorragique, a été enregistré en Guinée, le tout premier cas en Afrique de l'Ouest, a indiqué lundi l'OMS. L'Organisation mondiale de la santé, qui connait ce virus depuis 1967, a jugé "élevée" la menace au niveau national et régional, mais "faible" au niveau international.

"L'Organisation mondiale de la santé est sur le terrain avec les partenaires locaux depuis l'apparition des premières alertes, et continuera à fournir tout le soutien nécessaire", a écrit sur Twitter lundi Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS, qui a appelé à "prévenir la transmission et protéger les communautés" du virus sur place.

· D'où vient ce virus?

Le virus Marburg n'est pas nouveau, et a été identifié au siècle dernier, pour la première fois en 1967, "lors de flambées survenues simultanément à Marburg et à Francfort (Allemagne), ainsi qu’à Belgrade", en Serbie, explique l'OMS. Ces épidémies étaient alors liées à des travaux de laboratoire sur des singes verts africains importés d’Ouganda.

"Le réservoir naturel du virus est une chauve-souris, qui contamine les singes, qui eux-mêmes contaminent l’homme quand ils sont chassés et consommés comme viande de brousse", explique l'encyclopédie Universalis.

Depuis 1967, des cas d'infection sont fréquemment signalés: il y en a eu en Afrique du Sud (1975), au Kenya (1980-1987), en République démocratique du Congo (1998 à 2000) en Angola (2005), en Ouganda (2007, 2012, 2014, 2017), aux États-Unis (2008) et aux Pays-Bas (2008).

· Est-il dangereux?

Lors des flambées précédentes, les malades sont globalement peu nombreux, mais deux propagations, en RDC et en Angola, ont été plus virulentes, avec respectivement 154 et 374 malades, qui ont causé 128 et 329 morts. Car le taux de létalité de cette maladie est très élevé, et peut atteindre 88%.

"Le taux de létalité moyen de cette maladie avoisine les 50%. Il a varié de 24% à 88% lors des flambées épidémiques précédentes, en fonction de la souche virale et de la prise en charge des cas", explique l'OMS.

Comme Ebola, ce virus fait partie des "agents pathogènes de classe 4" qui sont "caractérisés par un taux de mortalité très élevé, l’absence d’outils prophylactiques ou thérapeutiques pour s’en protéger et leur facilité de transmission", explique l'Institut Pasteur.

Le Marburg fait partie de la famille des filoviridés, également comme Ebola. Si ces deux virus sont différents, "les deux maladies sont similaires sur le plan clinique. Elles sont toutes les deux rares et ont la capacité de provoquer des flambées épidémiques avec un taux de létalité élevé", note l'OMS.
La transmission se fait de l'animal à l'homme, mais elle est ensuite "avant tout interhumaine", explique l'OMS et "résulte de contacts directs" comme à travers une éraflure ou le contact de muqueuses, "avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques de personnes infectées, ou avec des surfaces et des matériaux contaminés par ces liquides".

En ce sens, les gestes anti-infectieux sont primordiaux à respecter pour éviter que la contamination ne se propage. Ainsi, pour vérifier qu'il s'agit du Marburg, il faut, comme pour le Covid-19, pratiquer des tests de dépistage en cas de symptômes. Étant donné le mode de transmission, "les échantillons prélevés sur les patients présentent un danger biologique extrême", note l'OMS, qui préconise que tous soient "protégés dans un triple emballage lors de leur transport dans le pays et vers l’étranger".

De plus, il faut noter que les personnes infectées restent contagieuses tant que le virus est présent dans leur sang. "Tous les membres de la communauté sont exposés à la fièvre de Marburg", écrit l'OMS, et même les corps morts peuvent le transmettre.

· Quels sont les symptômes?

"Le virus dit de Marburg est responsable d’une fièvre hémorragique à mortalité élevée chez l’homme, la fièvre de Marburg", écrit Universalis.

Selon les données dont dispose l'OMS, le délai entre l'infection et l'apparition des symptômes va de 2 à 21 jours. Mais quand la maladie arrive, elle "s’installe brutalement, avec une fièvre élevée, de fortes céphalées [maux de tête] et un malaise grave". Par la suite, les "myalgies [douleurs musculaires] et les douleurs sont des manifestations courantes. Une diarrhée aqueuse profuse, des douleurs et des crampes abdominales, des nausées et des vomissements peuvent apparaître au troisième jour" des symptômes.

Ces symptômes sont "généralement suivis par une éruption cutanée et des saignements sous la peau, du nez, du vagin et des gencives, par des vomissures sanglantes et du sang dans les selles", explique le site de la Croix Rouge. "Dans les cas graves, elle peut provoquer une désorientation, de l’irritabilité et de l’agressivité."

"L’observation de sang frais dans les vomissures ou les selles s’accompagne souvent de saignements du nez, des gencives et du vagin", écrit également l'OMS. "Dans les cas mortels, le décès intervient 8 à 9 jours après l’apparition des symptômes et il est en général précédé d’une perte de sang abondante et d’un choc".

· Est-ce que la maladie se soigne?

"Il n’existe ni traitement autre que symptomatique, ni vaccin", écrit l'encyclopédie Universalis. "La fièvre de Marburg est une maladie très grave, mais elle peut être évitée", souligne toutefois la page de la Croix Rouge.

Il s'agit d'une part, d'éviter de l'attraper par une chauve-souris roussette - hôte naturel du virus - et ainsi de porter des vêtements de protection lors des travaux dans les caves ou mines qu'elles peuplent. Des vêtements de protection doivent également être utilisés au contact des malades, et les gestes barrières - que l'on connaît avec le Covid-19, comme le lavage des mains, la distanciation sociale, ou l'isolement des malades - doivent aussi s'appliquer.

L'OMS rappelle également que "la transmission du virus Marburg par du sperme infecté a été documentée jusqu’à sept semaines après la guérison clinique". En ce sens, toutes les personnes ayant été touchées par la maladie doivent "s’abstenir de toute pratique sexuelle" ou "avoir recours à des pratiques sexuelles protégées par l’utilisation systématique et correcte du préservatif jusqu’à ce que le virus Marburg soit indétectable à deux reprises dans leur sperme".

L'identification des cas contacts est également primordiale dans la gestion de l'épidémie. Ainsi en Guinée, les trois membres de la famille du patient décédé et un travailleur de la santé ont été identifiés comme des contacts étroits à haut risque et leur santé est surveillée, tandis que des enquêtes sont en cours pour identifier la source de l'infection et d'autres contacts potentiels.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV