Tous les deux jours, un agriculteur se suicide, selon une étude

Berger conduisant un troupeau de mouton en Normandie, en octobre 2008. - -
Tous les deux jours, un agriculteur met fin à sa vie. Le suicide a ainsi fait près de 500 morts entre 2007 et 2010 dans le monde agricole, selon une étude de l'Institut national de veille sanitaire (INVS), menée à la fois sur des chefs d'exploitation et sur des ouvriers agricoles.
L'étude, qui "s'inscrit dans le plan de prévention du suicide dans le monde agricole annoncé par le ministère de l'Agriculture en mars 2011", était très attendue par le secteur: elle constitue en effet le premier état des lieux officiel sur ce sujet sensible. Et les résultats sont alarmants.
Troisième cause de mortalité
Après le cancer et les maladies cardiovasculaires, le suicide est en effet la troisième cause de mortalité chez les agriculteurs français. Plus inquiétant, l'INVS insiste sur l'"excès de mortalité par suicide chez les exploitants agricoles masculins", qui est "20% supérieure à celui de la population française".
Au total, 417 hommes et 68 femmes sont passés à l'acte au cours de la période. La surmortalité est particulièrement marquée chez les éleveurs (bovins-lait et bovins-viande) âgés de 45 à 64 ans.
En cause? Les difficultés économiques rencontrées dans ces secteurs, avec lesquelles l'INVS qui établit une corrélation directe. Les deux secteurs du lait et de la viande ont ainsi "été particulièrement affectés par les difficultés financières en 2008 et 2009", pointent les auteurs de l'étude.
"Pression économique" et "isolement"
Selon l'INVS, si ces travaux "ne permettent pas de mettre en évidence" les causes directes entre activité agricole et suicide, ils "confirment" d'autres études françaises et étrangères montrant "un risque élevé de mortalité par suicide dans cette population."
Pour la FNSEA, syndicat majoritaire, cette étude met bien en relief les pressions subies par les agriculteurs. "Pression administrative très forte, pression économique forte, chaîne alimentaire qui ne fait pas de cadeaux aux producteurs..." et aussi "l'isolement", énumère Dominique Barreau, son secrétaire général.
Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a promis en conséquence de "conduire une action déterminée" en faveur de la reconquête des revenus agricules.