Stratégie vaccinale: face à la polémique, la DGS explique son recours à 4 cabinets de conseil

Jérême Salomon avant son audition devant la Commission d'enquête du Sénat le 16 septembre 2020 - Alain JOCARD © 2019 AFP
Scandale caché? État démuni face à la pandémie? Procédé devenu classique? Difficile de voir tout à fait clair dans la polémique naissante autour des travaux réalisés par le cabinet de conseil McKinsey auprès du gouvernement dans sa stratégie vaccinale contre le Covid-19. Après les révélations de Politico et du Canard enchaîné sur le sujet, la Direction générale de la santé confirme ce jeudi auprès du Monde avoir eu recours à l'expertise de trois autres cabinets.
Il y a parmi ceux-ci Accenture, spécialisé dans la communication, les technologies et les services financiers. Selon la DGS, ce cabinet américain a été chargé du "lancement, de l’enrichissement et de l’accompagnement de la mise en œuvre du SI (système d’information) vaccination". Citwell et JLL s'occupent de "l'accompagnement logistique et de la distribution des vaccins Covid".
Aide logistique
Quant à McKinsey, l'une des plus importantes firmes de conseil en stratégie au monde, elle épaule l'exécutif français dans "la définition du cadrage logistique, du benchmarking (comparaison avec des pays étrangers) et la coordination opérationnelle".
"Le dispositif logistique de vaccination contre le Covid-19 est sans précédent en termes d’ampleur et nécessite une expertise de haut niveau, a fortiori dans la phase d’accélération que nous entamons", souligne la DGS auprès du Monde.
Le service central du ministère des Solidarités et de la Santé précise que "ces cabinets n’interviennent à aucun titre sur les choix de nature politique et sanitaire", qui relèvent "de la seule responsabilité du gouvernement".
"Sont ainsi exclus de leur champ d’intervention: le choix des laboratoires et les commandes des vaccins, la priorisation des segments de population recevant le vaccin, le calendrier de mise en œuvre, les modalités de vaccination au plan national (établissements hospitaliers, médecine de ville...)", énumère la DGS.
Situation normale?
Lors de son point-presse hebdomadaire mercredi, Gabriel Attal s'est justifié en expliquant qu'il y a "dans notre pays depuis plusieurs années et même plusieurs quinquennats un recours à des cabinets de conseil lorsque sont élaborés, mis en œuvre, des grands projets qui nécessitent un appui, des conseils stratégiques, logistiques".
Et le porte-parole du gouvernement d'ajouter que les services de ces cabinets sont par exemple utilisés pour "la mise en place des agences régionales de santé" ou celle "des grands systèmes d’information". Il n'est pas certain toutefois que ces éléments suffisent à calmer la grogne naissante des oppositions, qui dénoncent depuis mardi une mainmise d'entités américaines privées sur les services de l'État. Services, qui plus est, accusés d'être défaillants depuis le début de la campagne de vaccination.