Smecta, Toplexil, Primalan... La liste des médicaments jugés "plus dangereux qu'utiles" par la revue Prescrire

Prudence en pharmacie. La revue médicale Prescrire révèle que de nombreux médicaments courants, comme le Smecta ou le Toplexil, sont "plus dangereux qu'utiles", dans son enquête annuelle, parue fin novembre. Au total, 106 médicaments sont pointés du doigt, dont 88 commercialisés en France.
Parmi les médicaments à éviter, la revue mentionne le Smecta et ses variantes, prescrits notamment en cas de gastro-entérite. Selon les auteurs de l'étude, ces médicaments faits à base d'argile sont à proscrire "en raison de leur pollution naturelle par le plomb" lequel comporte des "effets toxiques neurologiques, hématologiques, rénaux et cardiovasculaires".
Par ailleurs, l'étude estime que l'utilité de ces médicaments est minime, car "les argiles modifient l'aspect des selles sans agir sur les pertes liquidiennes et le risque de déshydratation".
Autre médicament à éviter, le Toplexil, un sirop prescrit contre la toux. Selon Prescrire, cet antihistaminique "expose à des effets indésirables disproportionnés" pour les patients souffrant d'une toux bénigne. Pour les malades, la revue recommande plutôt de se tourner vers le dextrométhorphane qu'il considère comme "une option malgré ses limites".
S'y ajoutent d'autres médicaments très divers, comme le Propecia, destiné à lutter contre la calvitie masculine, le Primalan, qui doit permettre de combattre la rhinite saisonnière, ou encore le Voltarène, cet anti-inflammatoire conseillé en cas de douleur et/ou de fièvre.
"Éviter des risques disproportionnés"
La revue Prescrire publie tous les ans en fin d'année une actualisation de son bilan des "médicaments à écarter pour mieux soigner".
L'objectif de cette publication est "d'aider à choisir des soins de qualité, de ne pas nuire aux patients et d'éviter de leur faire courir des risques disproportionnés", assurent ses auteurs.
L'étude s'adresse à la fois "aux patients" et "aux soignants" et vise à leur fournir des "informations claires, synthétiques, fiables et actualisées, indépendantes des conflits d'intérêts commerciaux ou corporatistes, dont ils ont besoin pour leur pratique".
Des "effets indésirables" parfois mal évalués
La revue pointe du doigt les "effets indésirables" de certains médicaments, estimant que certains effets "rares, mais graves, peuvent ne pas avoir été repérés lors des essais".
Par ailleurs, la revue dénonce les conditions de recours à certains traitements dits "de la dernière chance" pour des patients atteints de pathologies graves. "Dans certaines situations, dont l'issue fatale est prévisible à relativement court terme, des soignants estiment justifié de tenter des traitements 'de la dernière chance', sans toujours en avertir les patients, ou en leur fournissant une information incomplète, sciemment ou non, sans tenir compte de leur niveau de compréhension", déplorent-ils, soutenant qu'"il est de l'intérêt collectif qu'un médicament soit octroyée sur la base d'une efficacité démontrée par rapport au traitement de référence".
Par rapport à la liste parue fin 2023, le Fintepla, cet amphétaminique destiné à lutter contre les formes graves d’épilepsie chez les enfants, fait notamment son retour dans la liste des médicaments à banir car il expose à des "troubles neuropsychiques" et à divers "troubles cardiovasculaires".