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Sidaction: la PrEP, une révolution dans la lutte contre le VIH

Sidaction 2022

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Ce médicament, pris avant un rapport sexuel à risque, permet de ne pas attraper le VIH. Explications.

Romain prend la PrEP depuis six mois. Pour ce Parisien de 27 ans qui travaille dans la communication, ce traitement offre une sécurité supplémentaire qui le tranquillise, même s'il continue d'utiliser des préservatifs lors d'une relation sexuelle.

"Un jour, j'ai eu un rapport à risque", témoigne-t-il pour BFMTV.com. "En gros, il y a eu un accident. Mon partenaire ne savait pas quel était son statut sérologique et ne se souvenait pas de quand datait son dernier dépistage."

Romain panique et file aux urgences. Il lui est alors prescrit un traitement d'urgence après une exposition au VIH. "Je me suis dit que plus jamais je ne voulais revivre ça", se souvient Romain. Le jeune homme se tourne alors vers la PrEP.

Recommandé par l'OMS

Acronyme de l'anglais pre-exposure prophylaxis (soit prophylaxie pré-exposition), la PrEP est un traitement de prévention du VIH. Il s'adresse donc aux personnes qui n'ont pas le VIH. C'est un traitement simple: il consiste à prendre, par voie orale, un médicament antirétroviral, de manière continue ou discontinue.

Ce médicament associe deux antirétroviraux contre le VIH et son efficacité a été prouvée - il est même recommandé par l'OMS. "Il bloque le cycle de réplication virale", nous explique Nicolas Gateau, responsable thématique minorités sexuelles à Sidaction et rédacteur en chef de Transversal mag. "Cela empêche le virus de se répandre dans l'organisme. C'est le même principe que dans la prévention de la transmission mère-enfant du VIH."

Un médicament qui se prend à heure fixe tous les jours de manière continue ou de manière discontinue. Dans ce cas, il s'agit de deux comprimés vingt-quatre à deux heures avant un rapport sexuel à risque puis un comprimé vingt-quatre et un autre quarante-huit heures après la relation sexuelle. "La prise en discontinu est tout aussi efficace", précise Nicolas Gateau.

L'effet négatif du Covid

Depuis sa mise sur le marché en mars 2017, quelque 40.000 personnes ont initié la prise de ce traitement, indique Nicolas Gateau, de Sidaction. Mais selon lui, la pandémie de Covid-19 et les deux dernières années de contexte sanitaire difficile ont entravé la diffusion de la PrEP.

"Avant le Covid, ce médicament n'était disponible que dans les hôpitaux (depuis le 1er juin 2021, tous les médecins peuvent prescrire la PrEP, qui est également remboursée, rappelle l'Assurance maladie, NDLR) par les services d'infectiologie qui étaient débordés par le Covid. Et puis le confinement a freiné les rencontres, faisant perdre à certains l'habitude de prendre ce traitement."

Ce que confirme Sandrine Fournier, directrice du pôle financement, recherche et associations à Sidaction. "Cet outil était en train de se déployer, avec une hausse des prescriptions (20.000 personnes avaient initié une prophylaxie pré-exposition en novembre 2019, selon l'ANSM, NDLR). En 2020, elles avaient chuté de 17%", regrette-t-elle.

Si la PrEP représentait déjà une avancée majeure dans la lutte contre le VIH, la recherche a récemment fait un nouveau bond en avant. Une nouvelle formule de ce traitement préventif - déjà approuvée aux États-Unis - est actuellement diffusée au Brésil et en Afrique du Sud; un programme soutenu par Unitaid.

"Il s'agit d'une version injectable à action prolongée de la PrEP", détaille Nicolas Gateau. "Une injection tous les deux mois suffit pour être efficace. Les résultats sont tout à fait positifs."

Mais avant que cette nouvelle formule moins contraignante n'arrive en France, Nicolas Gateau souhaite une plus large diffusion de la PrEP. Aussi bien au sein de la population masculine homosexuelle - qui représente plus de 40% des nouvelles contaminations, rappelle-t-il - que chez les travailleurs du sexe, les personnes transgenres ou certaines femmes vulnérables, notamment dans un parcours de migration.

"C'est un médicament destiné à toutes les personnes qui peuvent être exposées au VIH. Il faut que la PrEP soit davantage adoptée", insiste notre interlocuteur. Romain abonde: "C'est un traitement simple qui permet de se protéger soi-même et les autres."

Pour rappel, la PrEP ne protège que de la transmission du VIH et non des autres infections sexuellement transmissibles.

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https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya Journaliste BFMTV