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Préservatifs: l'OMS alerte sur une hausse "inquiétante" des rapports sexuels non protégés chez les ados

Des préservatifs (photo dillustration)

Des préservatifs (photo dillustration) - Kerry J - Flickr - CC

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) déplore une utilisation en baisse du préservatif chez les adolescents européens de 15 ans sexuellement actifs. Elle s'inquiète d'une augmentation des risques de transmission d'IST et de grossesses non désirées.

Une utilisation qui inquiète. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les adolescents européens utilisent de moins en moins le préservatif, ce qui entraîne une hausse des risques d'infections sexuellement transmissibles (IST) et de grossesses non désirées, d'après un rapport paru ce jeudi 29 août.

"L'utilisation du préservatif chez les adolescents sexuellement actifs a considérablement diminué depuis 2014, avec des taux de rapports sexuels non protégés inquiétants", indique l'OMS.

Le rapport se base sur une étude réalisée auprès de 242.000 adolescents âgés de 15 ans, résidant dans 42 pays européens différents, entre 2014 et 2022.

Baisse globale du recours au préservatif et à la pilule

Selon l'agence de santé, la proportion d'adolescents sexuellement actifs déclarant avoir utilisé un préservatif lors de son dernier rapport sexuel est passée, entre 2014 et 2022, de 70% à 61% pour les garçons et de 63% à 57% pour les filles.

Au total, près d'un tiers (30%) des jeunes interrogés assurent ne pas avoir utilisé de préservatif ou de pilule contraceptive lors de leur dernier rapport sexuel. Un chiffre "élevé", selon l'OMS, mais qui en même temps reste stable par rapport à 2018.

Le rapport note que les rapports sexuels non protégés sont plus courants (33%) chez les jeunes "issus de familles à faibles revenus" que chez les jeunes venus de milieux privilégiés (25%).

Le signe de "lacunes" en termes d'éducation sexuelle

Pour l'organisation de santé, cette hausse des rapports non protégés est le signe "de lacunes importantes dans l’éducation sexuelle appropriée à cet âge, y compris l’éducation à la santé sexuelle, ainsi que dans l’accès aux méthodes contraceptives".

Le rapport souligne "le besoin urgent d’interventions ciblées pour répondre à ces tendances préoccupantes et promouvoir des pratiques sexuelles plus sûres parmi les jeunes".

"Les adolescents méritent d’avoir les connaissances et les ressources nécessaires pour prendre des décisions éclairées concernant leur santé sexuelle", souligne l'une des co-autrices de ce rapport, la docteure Margreet de Looze de l’Université d’Utrecht, aux Pays-Bas.

Le "besoin d'une action immédiate"

"Les conclusions du rapport sont certes consternantes, mais elles ne sont pas surprenantes", analyse le directeur régional de l’OMS en Europe, le docteur Hans Henri P. Kluge.

Le médecin estime que l'éducation sexuelle reste "négligée dans de nombreux pays" ou qu'elle est "de plus en plus critiquée ces dernières années sous le prétexte fallacieux qu'elle encourage la sexualité".

Déplorant une hausse des discours "réactionnaires", le médecin appelle à la fois "les gouvernements, les autorités sanitaires et le secteur de l'éducation" à se mobiliser pour "prendre des mesures" afin de freiner la tendance actuelle.

"Nous avons besoin d'une action immédiate et soutenue, étayée par des données et des preuves, pour mettre fin à cette cascade de résultats négatifs", soutient le docteur, soulignant que la hausse des coûts de santé est notamment en jeu.

La nécessité d'une "volonté politique"

Parmi les pistes suggérées pour freiner le phénomène, l'OMS appelle les acteurs gouvernementaux et sanitaires à "mettre en œuvre et à financer des programmes d’éducation sexuelle dans les écoles", à "veiller à ce que les adolescents du monde entier aient accès à des services de santé sexuelle confidentiels, sans jugement et abordables" et à "proposer une formation spécialisée aux enseignants et aux prestataires de soins de santé pour qu’ils puissent dispenser une éducation sexuelle efficace et inclusive".

"Nous disposons des données probantes, des outils et des stratégies nécessaires pour améliorer la santé sexuelle des adolescents. Ce dont nous avons besoin, cependant, c’est de la volonté politique et des ressources nécessaires pour y parvenir", souligne Margreet de Looze.

En France, les préservatifs sont en accès gratuits en pharmacie et sans prescription pour les 18-25 ans, ainsi que pour les mineurs, depuis 2023.

Juliette Desmonceaux