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Poussières du Sahara: quels sont les risques pour la santé?

Le ciel orangé dû aux poussières du Sahara sur la ville de Malaga en Espagne, le 15 mars 2022

Le ciel orangé dû aux poussières du Sahara sur la ville de Malaga en Espagne, le 15 mars 2022 - BFMTV

La poussière transportée du Sahara, à l'origine de la couleur orangée du ciel depuis mardi, comporte des éléments pouvant être toxiques, et des particules fines, qui peuvent donc pénétrer dans l'organisme, et provoquer des dégâts pulmonaires et cardiovasculaires.

Une fine couche de sable venue du Sahara s'est abattue dans la nuit de lundi à mardi sur une bonne partie de l'Espagne, avant de remonter vers la France. Le phénomène, qui devrait persister en s'estompant jusqu'à jeudi, a un fort impact sur la qualité de l'air en Espagne, où des stations situées à Madrid mesuraient une qualité de l'air "extrêmement défavorable" mardi.

Il ne semble pas y avoir pour le moment d'incidence sur le niveau de particules en France, mais la propagation de ces poussières est surveillée de près, car elle peut avoir des conséquences sur la pollution de l'air, ainsi que sur la santé.

Des particules fines qui peuvent pénétrer dans l'organisme

Les particules provenant des tempêtes de sables et de poussières comprennent des particules fines, qui - comme lors des pics de pollution dus à la circulation automobile par exemple - peuvent s'infiltrer dans les poumons et causer certains dommages.

"Lorsque ces poussières désertiques se retrouvent dans les particules dites grossières (PM10) (soit un diamètre inférieur à 10 micromètres), elles pénètrent dans l’organisme. Leur quantité peut engendrer des effets sanitaires et affecter gravement la santé", souligne ATMO Nouvelle Aquitaine, (agence de surveillance de l'air).

"Le Sirocco facilite la transmission des pathogènes par voie respiratoire", écrit également sur Twitter le biologiste médical Claude-Alexandre Gustave mardi. "Les particules de sable inhalées peuvent servir de véhicules aux bactéries, virus pathogènes (...) Elle favorisent aussi l'inflammation des voies respiratoires inférieures, ce qui peut compliquer des infections respiratoires ou pneumopathies chroniques."

Une composition parfois toxique de ces poussières

Au-delà des poussières elles-mêmes, ce qu'elles transportent peut s'avérer dangereux. Aux particules de sable peuvent ainsi s'ajouter "des particules issues des activités humaines, telles que le chauffage domestique, le trafic automobile ou encore l’agriculture", note ATMO Nouvelle-Aquitaine.

Ces vents peuvent aussi transporter du pollen, des fragments de cellules, des champignons et moisissures, et "certains de ces micro-organismes peuvent être des pathogènes opportunistes pour l'homme" écrivait l'INVS (Institut de Veille Sanitaire) dans un rapport de 2017 sur les vents de sable en provenance des déserts. Certains des champignons retrouvés dans ces transports sont connus pour causer "des réactions allergiques, des infections pulmonaires ou des infections cutanées chez l'homme".

"Dans certaines conditions, des réactions chimiques peuvent intervenir entre les éléments minéraux contenus dans les vents de sable et certains composants présents dans l'atmosphère", écrit aussi l'INVS.

Il note que "sur l'île de Majorque, on a ainsi pu mesurer pendant des épisodes de vents de sable des pics de sulfates issus de la réaction chimique entre les carbonates de calcium et de magnésium contenus dans les poussières en provenance d'Afrique et des composés d'acide sulfurique dans l'atmosphère locale".

Il est toutefois important de préciser qu'actuellement, les "polluants de l’air proviennent en minorité de phénomènes d’origine naturelle (vents de sable du Sahara, érosion des sols, éruptions volcaniques…) et en majorité des activités humaines", explique le ministère de la Santé.

Affection des capacités respiratoires et effets cardiovasculaires

Tous ces éléments peuvent entraîner des conséquences multiples pour la santé des personnes exposées lors des pics. "Les effets sanitaires des aérosols dépendent de leur composition en éléments chimique et microbiologiques et également de la taille des particules qui les composent", explique l'INVS.

"Les grosses particules PM10 sont plus susceptibles d'être déposées dans les bronches et ainsi affectent les capacités respiratoires (asthme, maladie pulmonaire obstructive chronique, pneumonie et autres infections respiratoires)", explique le rapport. "En revanche, les particules fines (PM 2,5) sont plus susceptibles d'atteindre les alvéoles, provoquent une inflammation systémique et conduisent à des effets cardiovasculaires."
"Il existe une relation étroite et quantitative entre l’exposition à des concentrations élevées de particules et de particules fines (PM10 et PM2,5) et l’augmentation de la mortalité et de la morbidité, au quotidien comme à plus long terme", écrit également l'Organisation Mondiale de la Santé.

Claude-Alexandre Gustave conseille dans ces périodes de pollution de l'air de continuer à porter le masque. Le ministère de la Santé conseille également de "privilégier des sorties plus brèves et celles qui demandent le moins d’effort" et en cas de gêne respiratoire ou cardiaque, de prendre "conseil auprès d’un professionnel de santé", notamment si vous êtes une fragile au niveau cardiaque ou pulmonaire.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV