Pourquoi plus de 80 services d’urgences sont en grève

Photo d'illustration - BFMTV
Sur la carte de France actualisée tous les jours, les points bleus se multiplient. Ils indiquent le nombre de services d’urgences actuellement en grève. Ce mercredi, d'après ce décompte, 83 services d'urgences sont concernés. Cette épidémie a débuté à l’hôpital parisien Saint-Antoine, le 18 mars, après des agressions de personnel soignant par des patients ou accompagnants.
"Cette violence témoigne du problème de fond des urgences qui n’ont plus les moyens de soigner", estime le docteur François Braun, Président de Samu-Urgences de France. Sur les quatre premiers mois de l’année, le médecin a recensé plus de déclarations d’épuisement professionnel -ou "burn out"- d’urgentistes que sur toute l’année dernière. Et ce malaise touche l’ensemble du personnel urgentiste.

"On est dans le mur"
"A force d’alerter depuis des années et de dire que l’on va dans le mur, maintenant on est dans le mur", poursuit celui qui est aussi chef du service des urgences du centre hospitalier régional de Metz-Thionville. "Je reçois des appels plusieurs fois par jour d’établissements qui se mettent en grève, des urgentistes qui appellent au secours. Cela me donne à chaque fois des arguments supplémentaires pour alerter notre ministère et demander des mesures urgentes", nous explique-t-il.
Dans ce contexte, le collectif Inter-Urgences, créé il y a deux mois, appelle à une manifestation nationale à Paris ce jeudi. "Rendez-vous est donné vers 13h30 à Montparnasse, pour une marche vers le ministère de la Santé", nous explique Candice Lafarge, aide-soignante à l’hôpital Saint-Antoine depuis 6 ans et co-responsable de la communication du collectif Inter Urgences.
Donner les moyens aux personnels de passer l'été
"Nous réclamons une sécurisation des locaux, des effectifs supplémentaires et la reconnaissance de la pénibilité à travers une prime de 300 euros net pour le personnel paramédical", explique la soignante de 33 ans. Localement, des négociations sont en cours, comme à l’AP-HP, les hôpitaux parisiens, où le chantier de la sécurisation des services est en cours.
Le docteur Braun, urgentiste depuis 35 ans, demande également une mobilisation sans attendre des agences régionales de santé (ARS) et des hôpitaux "pour donner au personnel les moyens de passer l’été". Le président de Samu-Urgences de France poursuit : "Dans ce contexte déjà explosif, il y a comme chaque année des fermetures de lits prévues dans les services cet été, pour que le personnel puisse prendre des vacances. Mais le problème c’est que les urgences vont continuer à tourner, et sans lit en aval, c’est impossible. C’est inacceptable". "C’est une galère sans nom", confirme Candice Lafarge.