Pollution intérieure: comment se prémunir des effets et réduire les risques pour sa santé

Les espaces intérieurs, au sein desquels nous passons environ 80% de notre temps, peuvent présenter un air jusqu'à huit fois plus pollué que les espaces intérieurs. Cette pollution, souvent ignorée, peut pourtant causer de réels dommages pour la santé.

Responsable de 40.000 décès chaque année selon Santé publique France, soit un peu moins que ceux liés à l’alcool, de 10 % des diabètes de type 2, de 8% des cancers de la gorge et des poumons ou encore de 6% des AVC, la pollution de l'air affiche un palmarès bien sombre.

Si l'on connaît bien la pollution extérieure avec les particules fines, l’oxyde d’azote, l’ozone et bien d’autres, la pollution intérieure est souvent bien moins connue. Pourtant, nous passons 80% de notre temps en intérieur et dans des espaces qui peuvent être jusqu'à huit fois plus pollués que l'extérieur.

Pollution intérieure: comment se prémunir des effets et réduire les risques pour sa santé

27:19

La pollution de l'air peut paraître abstraite sauf lors des fameux pics de pollution, qui peuvent provoquer des picotements dans les yeux ou la gorge, ou encore une respiration plus courte. Pour autant, c'est la pollution chronique de l'air, plus difficilement détectable, qui a le plus d'impact sur notre santé sur le long terme.

De multiples sources

Comme l'explique auprès de BFMTV le médecin biologiste Fabien Squinazi, président de la commission "Risques liés à l’environnement" du Haut Conseil de la santé publique, la pollution intérieure possède deux sources: les polluants extérieurs qui "pénètrent très facilement à l'intérieur", en particulier pour les espaces proches d'axes routiers, et les polluants directement produits en intérieur.

Le ministère de la Santé liste huit sources principales de pollution produites directement depuis l'intérieur des bâtiments: le tabagisme, les produits de bricolage, l'humidité excessive, les produits ménagers, les appareils à combustion (cheminées et poêles), les moquettes et revêtements de sols, les bougies parfumées et enfin les poils d'animaux.

Fabien Squinazi explique par ailleurs "qu'on peut encore acheter dans le commerce des produits qui sont très émissifs: des bâtons d'encens, des bougies parfumées, du papier d'Arménie où il n'y a aucune réglementation qui vous impose des niveaux d'émission".

"Il y a des progrès à faire pour essayer de réduire les émissions de ces polluants", souligne le spécialiste.

De nombreux moyens pour limiter cette pollution

Pour savoir si un espace intérieur est trop pollué, "le meilleur indicateur, c'est l'individu lui-même, c'est ce qu'on ressent", assure Fabien Squinazi, qui appelle à faire attention, encore une fois, aux démangeaisons au niveau des yeux et de la gorge, ou encore à une respiration plus difficile.

Par ailleurs, la pandémie de Covid-19 a été l'occasion d'un accroissement de l'utilisation des capteurs de dioxyde de carbone (CO2) pour permettre d'éviter la propagation du virus dans des espaces clos. Ces outils peuvent aussi avoir une utilité pour la pollution intérieure en général: si le taux de CO2 est trop élevé (plus de 1.500 ppm), l'air est trop pollué.

À la différence de la pollution extérieure que l'on "subit", "on peut faire des choix" en matière de pollution intérieure car "nous pouvons gérer" notre propre pollution, rappelle Fabien Squazini: limiter le tabagisme en intérieur, l'usage de désodorisant, vérifier la composition de ses produits d'entretien et en changer s'ils sont trop polluants.

Au-delà de la prévention dans la production de polluant, il est important d'aérer pour assainir l'air: "Il y a des moments où aérer" car les polluants "ont un cycle" et "ne pénètrent pas tôt le matin ou tard le soir", précise le médecin. Certaines activités très polluantes comme le ménage ou le bricolage nécessitent par ailleurs une aération immédiate et constante durant toute leur exécution.

En parallèle, pour les personnes qui nécessitent un air particulièrement sain, il est également recommandé d'installer des épurateurs d'air ou encore des systèmes de ventilations mécanique (VMC). Attention: les systèmes de climatisation n'assainissent pas l'air, puisque ce dernier reste dans un circuit fermé et n'est donc pas renouvelé.

Margaux de Frouville, Alain Ducardonnet avec Glenn Gillet