Méthode, distribution, efficacité: ce que l'on sait du vaccin chinois examiné par l'UE

L'infirmière chilienne Maria Paz Herreros, 32 ans, qui a été la première à administrer un vaccin anti-Covid 19 au Chili, montre une dose du vaccin Sinovac à l'hôpital Metropolitano à Santiago du Chili le 26 février 2021 - MARTIN BERNETTI © 2019 AFP
Il pourrait devenir le cinquième vaccin autorisé dans l'Union européenne. L'Agence européenne des médicaments (EMA) a lancé mardi une procédure d'"examen continu" du vaccin chinois de Sinovac contre le Covid-19, laissant entrevoir une prochaine demande d'autorisation de mise sur le marché européen.
Produit en Chine, ce vaccin a été approuvé dès février dernier par les autorités chinoises après plusieurs essais effectués dans des pays émergents comme le Brésil ou la Turquie.
• Un vaccin chinois à la conception dite "classique"
Il est fréquemment appelé Sinovac mais il ne s'agit pas du véritable nom de ce vaccin. Nommé "Coronavac", ce vaccin est conçu par le laboratoire chinois Sinovac. Il ne s'agit pas du seul vaccin chinois utilisé contre le Covid-19 puisque le laboratoire Sinopharm en produit deux autres.
Le vaccin Coronavac est un vaccin dit "inactivé": une technologie consistant à "inactiver" ou tuer des particules virales du virus, ici le Covid-19. En injectant le vaccin, le système immunitaire est alors exposé au coronavirus mais sans risque de contracter une forme grave de la maladie. En outre, il est plus facile à conserver que les vaccins à ARN messager de Pfizer et de Moderna.
"Le virus n'est pas infectieux et donc la réaction immunitaire va être relativement faible, et pour augmenter cette réaction immunitaire on va ajouter des adjuvants", explique Mylène Oligastro, vice-présidente de la Société française de virologie.
• Déjà administré dans une vingtaine de pays
Chine, Chili, Brésil, Philippines, Ukraine, Turquie. Au moins 22 pays ont actuellement recours au Coronavac selon un décompte de nos confrères de l'AFP, la plupart se trouvant en Amérique Latine, en Afrique et en Asie.
A contrario, les deux vaccins développés par le laboratoire Sinopharm sont, eux, administrés dans une quarantaine de pays dont la Hongrie, pays pourtant membre de l'Union européenne qui n'a pas donné son autorisation à ces vaccins.
Sinovac a néanmoins déclaré début avril avoir déjà livré 200 millions de doses à la vingtaine de pays l'ayant déjà autorisé, une liste qui devrait s'élargir puisque le laboratoire chinois a précisé avoir reçu des autorisations pour commercialiser son sérum dans plus d'une trentaine de pays.
• Confusion autour de sa réelle efficacité
L'Agence européenne des médicaments a indiqué commencer son examen continu en se fondant sur des "résultats primaires d'études en laboratoire et des études cliniques".
"Ces études suggèrent que le vaccin déclenche la production d'anticorps qui visent le Sars-CoV-2 [...] et pourraient contribuer à protéger contre la maladie", ajoute le régulateur européen.
Dans un document rendu public fin mars, le Groupe stratégique consultatif d'experts (SAGE) sur la vaccination de l'OMS, chargé de formuler des recommandations, en matière de vaccination, a indiqué que ce vaccin a démontré sa "sûreté" et sa "bonne efficacité" contre le coronavirus "lorsque le malade présente des symptômes". Le groupe d'experts a néanmoins précisé ne pas disposer toutefois de donner suffisantes sur son efficacité pour les personnes âgées ou souffrant d'autres pathologies. En outre, l'OMS ne s'est pas pas encore prononcée sur son éventuelle homologation d'urgence.
Plusieurs études ont été émises par des pays l'administrant. Au Brésil, des chercheurs ont établi son efficacité à environ 50% pour prévenir la contamination et à 80% contre les formes graves, et 100% pour prévenir les décès. Au Chili, les autorités ont publié mi-avril une étude relayée par Bloomberg établissant son efficacité à 67% pour prévenir des cas symptomatiques et à 80% pour prévenir des décès. Enfin, la Turquie parle d'une efficacité du Coronavac de 83,5%.
Dans le même temps, le directeur du centre chinois de contrôle et de prévention des maladies Gao Fu a déclaré que les vaccins Sinopharm et Sinovac n'avaient actuellement "pas un taux de protection très élevé", suggérant notamment de mélanger plusieurs types de vaccin pour renforcer la protection immunitaire des personnes ayant déjà reçu une injection.
L'Agence européenne des médicament a indiqué que cette procédure d'examen en continu se poursuivra jusqu'à ce qu'elle dispose de données suffisantes pour que le laboratoire chinois puisse déposer une demande formelle d'autorisation de mise sur le marché. Sinovac n'a effectivement pas fait de demande à ce stade auprès du régulateur européen.
"Si on a une agence de santé, c'est pas pour rien, on accueille tout le monde, encore faut-il qu'on nous fasse la demande. Sur les vaccins chinois, on n'a pas eu de demande", déclarait déjà mi-avril le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton sur le plateau de BFM Politique.
L'EMA indique ne pas prévoir de calendrier global mais que l'évaluation d'une éventuelle demande devrait prendre moins de temps que d'habitude, notamment "en raison du travail effectué durant l'examen continu".