Lutte contre les violences, écrans, examens obligatoires... À quoi va ressembler le nouveau carnet de santé?

Un exemplaire du nouveau carnet de santé qui entre en vigueur le 1er janvier 2025 - Capture d'écran du site Ameli.fr
Un nouveau carnet de santé. Il entre en vigueur le 1er janvier, s'adresse aux enfants qui verront le jour en 2025 et introduit de nouveaux conseils aux parents. Dans cette version revue et accessible en ligne, pour chaque âge, des repères sont proposés aux parents afin de situer l'enfant dans son développement (social, cognitif, moteur) avec des messages de prévention adaptés qui reflètent les évolutions scientifiques et sociétales.
Des QR codes sont par ailleurs distillés tout au long des pages, permettant d'obtenir des informations plus précises sur certains points, des numéros de téléphone ou encore d'accéder à un tchat, notamment pour les adolescents.
Ce nouveau carnet se compose de quatre grandes parties. D'abord la "période périnatale" avec des éléments sur les antécédents familiaux et le déroulement de la grossesse. Vient ensuite la rubrique "conseils aux parents et aux adolescents" qui contient des informations sur l'alimentation, les pleurs, le bain mais aussi les moyens de limiter la pollution intérieure ou encore des messages réservés aux adolescents.
La troisième partie "surveillance médicale" recueille les pages réservées aux examens de la naissance à l'adolescence, pointant les différentes étapes du développement de l'enfant. Enfin la dernière partie est destinée aux professionnels de santé avec des pages consacrées aux allergies, au suivi bucco-dentaire, aux pathologies au long cours et aux hospitalisations, sorte de passeport santé qui suit l'enfant.
• Le score d'Apgar
Parmi les nouveautés du carnet de santé, la mention du score d'Apgar à 1, 5 et 10 minutes. Il permet d'évaluer les grandes fonctions vitales du nouveau-né juste après sa naissance. Le score d'Apgar, mis au point par l'anesthésiste américaine Virginia Apgar, est réalisé à partir de cinq critères: le rythme cardiaque, la fréquence respiratoire, le tonus musculaire, la réactivité et la coloration du nouveau né. Si les parents refusent ce dépistage, cela sera dorénavant indiqué.
• Les troubles du neurodéveloppement
Autre point important: des informations sur les symptômes indiquant d'éventuels troubles de la vision ou de l'audition et des repères pour faciliter le dépistage des troubles du neurodéveloppement qui touchent un enfant sur six.
"Les troubles du neurodéveloppement sont des troubles spécifiques qui apparaissent tôt dans l'enfance", précise l'Assurance maladie.

Ils sont nombreux: autisme, dyspraxie, dysgraphie, TDAH ou encore dyslexie et sont d'autant mieux pris en charge qu'ils sont dépistés tôt, comme le rappelle la Délégation interministérielle à la stratégie nationale pour l'autisme au sein des troubles du neurodéveloppement.
• Les 20 examens de santé obligatoires
L'une des grandes nouveautés de ce carnet de santé, ce sont aussi les 20 examens de santé obligatoires, tous détaillés. En clair, en plus des examens à la naissance et dans les huit jours qui suivent, ils ont lieu au cours de la deuxième semaine, à 1 mois, à 2 mois, à 3 mois, à 4 mois, à 5 mois, à 8 mois, à 11 mois, à 12 mois, entre 16 et 18 mois, entre 23 et 24 mois, à 2 ans, à 3 ans, à 4 ans, à 5 ans, à 6 ans, entre 8 et 9 ans, entre 11 et 13 ans et enfin entre 15 et 16 ans.

Côté surveillance médicale, un nouvel examen est rendu obligatoire à l'âge de 6 ans pour "renforcer la prévention au moment où la majorité des enfants entre à l'école primaire, notamment en matière de dépistage sensoriel et des troubles du développement", précise la Direction générale de la santé.
Un examen qui sera aussi l'occasion de réaliser le rappel de la vaccination contre la coqueluche, la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite recommandé à 6 ans.
• La prévention des violences
Dans la rubrique "conseils aux parents et aux adolescents", deux pages sont consacrées aux conseils pour élever son enfant sans violence. Le carnet rappelle ainsi la loi du 10 juillet 2019 qui prévoit que l'autorité parentale s'exerce sans violences physiques ou psychologiques.
"Les violences ont un impact sur le développement de l'enfant et peuvent être responsables de nombreux troubles", est-il écrit.

Le carnet précise ainsi que la violence psychologique, "c'est crier, injurier, rabaisser, faire peur, menacer, culpabiliser son enfant". "C'est aussi ne pas répondre à ses besoins fondamentaux d'affection, de soins, de protection, ou l'exposer à des disputes familiales." Quant à la violence physique, "c'est pincer, gifler, donner une fessée, un coup de pied, frapper, secouer, tirer les cheveux, les oreilles". Des numéros d'aide et d'urgence sont également indiqués.
• Des pages consacrées aux écrans
Le nouveau carnet de santé intègre des pages consacrées aux écrans afin de tenir compte "des nouvelles recommandations du Haut Conseil de la santé publique" précise l'Assurance maladie sur son site.
Le nouveau carnet rappelle ainsi qu'avant 3 ans les enfants ne doivent pas avoir accès aux écrans. "Ne laissez pas votre enfant devant un écran, cela nuit au développement de son cerveau."

Entre 3 et 6 ans, l'usage des écrans doit rester occasionnel, rappelle le carnet de santé qui met également en place un suivi du médecin sur ce sujet. Parmi les conseils pratiques: "dans les transports, plutôt que de donner votre téléphone à votre enfant, pensez à prendre des livres, une boîte de jeux ou de quoi dessiner".
• La pratique du sport
La pratique du sport est vivement encouragée dans le nouveau carnet de santé. Pour chaque âge, des recommandations sont ainsi formulées. Exemple: "à partir de 6 ans, votre enfant pratique au moins une heure d'activité physique par jour."
À chaque examen de santé, la pratique d'une activité physique est ainsi interrogée, tout comme la qualité du sommeil ou l'utilisation des écrans.
• Des pages réservées aux adolescents
Plusieurs pages sont consacrées à l'adolescence et rappellent les numéros d'urgence en cas de harcèlement, d'idées noires ou de danger. Des rubriques sont d'ailleurs destinées aux adolescents: "faire lire la rubrique suivante à votre enfant".
À partir de 15 ans, le carnet rappelle qu'une première consultation de gynécologie et d'information sur la sexualité peut être utile, notamment pour les jeunes filles et la prise en charge de l'endométriose.

Des messages de prévention sont par ailleurs distillés, en particulier sur la consommation de substances psychoactives, la sécurité routière et la santé sexuelle. Un paragraphe est ainsi consacré à la notion de consentement et rappelle l'importance de se protéger lors d'un rapport sexuel afin d'éviter toute infection sexuellement transmissible.

Le carnet indique également les interlocteurs à privilégier: médecin, sage-femme, centre de santé sexuelle ou infirmière scolaire. Et rappelle le numéro vert pour répondre aux questions sur la contraception, la sexualité ou l'interruption volontaire de grossesse. Un tchat est également accessible via un QR code.