Les médecins soutiennent le choix d'un déconfinement progressif

Photo d'illustration. - Pascal Guyot
Jean Castex a répondu mardi soir aux questions des députés composant la commission d'enquête sur la gestion de la crise du Covid-19 par l'exécutif. Si Emmanuel Macron doit prendre la parole en milieu de semaine prochaine pour indiquer la suite des opérations, le chef du gouvernement a laissé entendre que la France s'acheminait vers un déconfinement progressif.
"Il y aura des dispositifs de freinage qui sont en cours de calage qui perdureront pour éviter qu'il y ait trop d'écart entre une période de confinement et une période de déconfinement ", a-t-il explicité devant les parlementaires.
C'est l'écart avec le déconfinement de la fin du printemps dernier qui frappe cependant. "Nous avons déconfiné un peu trop. Peut-être aussi que le peuple français, comme les autres a cru que cette épidémie était derrière nous", a justifié le Premier ministre. Cette idée d'un déconfinement à petits pas afin d'éviter une nouvelle flambée des cas de Covid-19 en s'exposant autant qu'à l'été dernier, suscite l'adhésion des médecins et scientifiques.
Eviter les erreurs passées
Sur BFMTV mardi soir, le chef du pôle des urgences au CHU de Lille Patrick Goldstein a approuvé cette stratégie.
"Ce qu’il ne faut surtout pas, c’est qu’on refasse collectivement les erreurs qu’on a faites la première fois. Il y a eu un confinement citoyen et on a toujours dit qu’on appelait à un déconfinement citoyen. Sincèrement, on l’a raté. Et aujourd’hui, on en paie un peu les frais. Il faut absolument qu’on réussisse aujourd’hui ce qui ne va pas être un déconfinement massif."
Antoine Vieillard-Baron, chef du service réanimation à l'hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt, a pourtant nuancé ce mercredi sur BFMTV:
"Le déconfinement précédent ne s’est pas forcément mal passé, c’est le timing qui était malheureux, avec au-delà du déconfinement, les grandes vacances lors desquelles tout le monde s’était relâché".
Etre à la hauteur "collectivement"
A la mi-avril, l'infectiologue Karine Lacombe avait déjà appelé à "annoncer un déconfinement progressif" pour le mois de mai. Le déconfinement avait finalement pris une tournure plus abrupte.
L'application de l'idée de "déconfinement progressif" peut paraître d'autant plus difficile que celle-ci est abstraite. Antoine Vieillard-Baron a toutefois défini ce qu'il entendait par cette option:
"Le message extrêmement important à faire passer, c’est que tout se fasse dans l’ordre et que les commerces, lieux de culte, fassent preuve d’adaptation et de souplesse comme l’hôpital l’a fait pour s’adapter à la circulation du virus, et limiter sa réascension. Pour la suite, on doit mieux réussir le fameux ‘tracer, tester, isoler’, et lever les ambiguïtés sur l’isolement. Si on a des symptômes, il faut s’isoler qu’on ait ou non son PCR".
"On n’a pas été à la hauteur collectivement la dernière fois, là on doit être collectivement à la hauteur, avec un autre événement important qui est Noël", a-t-il ajouté.
"On a raté la fin du déconfinement, on a tout relâché d’un coup", a regretté le médecin en santé publique Hélène Rossinot auprès du site Actu.fr, regardant elle aussi vers Noël: "Quand on voit la courbe à l'hôpital, j'ai du mal à imaginer qu'il soit possible d'être 15 à table au dîner de Noël. En plus, il y a souvent des personnes âgées. Il faudra s'habituer à fêter Noël sur Skype et envoyer ses cadeaux par La Poste."
Les pistes du gouvernement
Le généticien Philippe Froguel, qui officie au CHU de Lille, veut doubler ce déconfinement par paliers d'une politique de dépistage massif comme il l'a expliqué à BFMTV ce mercredi:
"Il faut bien préparer le déconfinement. Il faut éviter une troisième vague et en fait attendre l’arrivée du vaccin en ayant une vie sociale et économique la plus normale possible. C’est très, très important pour cela qu’on parte au moment du déconfinement avec un nombre très faible, voire nul, de personnes étant porteuses du virus sans le savoir et risquant d’en contaminer d’autres."
Selon nos informations, le gouvernement envisage de donner au déconfinement la forme suivante: maintien d'un couvre-feu, encouragement du télétravail, réouverture des commerces autour du 1er décembre, possibilité de dérogations pour se déplacer pour les fêtes de Noël, et maintien de la fermeture des bars et restaurants jusqu'à début 2021.
