Le Snus, du tabac à mâcher bientôt autorisé ?

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Le fabricant de tabac British American Tobacco vient d'écrire à Nicolas Sarkozy pour qu'il autorise en France le "snus", une poudre de tabac à mâcher. Ce type de tabac est vendu en Suède depuis des années. Il reste en revanche interdit dans tous les autres pays de l'Union européenne depuis 1995. Le snus est également commercialisé au Mexique ou au Canada. Finement haché, humide, parfumé et vendu dans un sachet, ce tabac se place entre la gencive et la lèvre. Il peut être mâché pendant plusieurs heures.
« Un produit pas totalement sans danger »
D'après le comité national contre le tabagisme, les risques liés à la consommation de snus sont : la survenue d'un cancer du pancréas, un risque cardio-vasculaire, et des risques pour les gencives et la bouche. Gérard Dubois, professeur de santé publique au CHU d'Amiens et président d'honneur de l'Alliance contre le tabac, condamne fermement le snus : « ce produit ne peut pas être dit "totalement sans danger". Il est moins dangereux que la cigarette, c'est évident, puisqu'il n'y a pas d'inhalation de la fumée. Mais face aux fumeurs, la solution n'est pas un produit moins dangereux, mais l'arrêt du tabac. »
« Une façon de maintenir la dépendance des fumeurs »
Outre le fait que le snus peut notamment être pour les jeunes une porte d'entrée à la consommation de cigarettes, les professionnels de la santé s'inquiètent des répercussions de la commercialisation de ce tabac sur les fumeurs. En effet, selon Gérard Dubois, ce genre de produit cache certains dangers : « l'utilisation du snus et celle des tabacs à chiquer peuvent être des modalités premières d'utilisation du tabac. Et c'est aussi, pour l'industrie du tabac, une modalité qui est proposée aux fumeurs quand ils ne peuvent pas fumer : là où c'est interdit, l'industrie du tabac propose le snus et les tabacs à chiquer, pour que le fumeur "patiente", en attendant le moment où il pourra reprendre ses cigarettes. C'est donc une façon de maintenir la dépendance et l'habitude tabagique chez les fumeurs. »
« Un impact positif sur la santé publique en Suède »
Pour Yves Trévilly, directeur des relations institutionnelles de British Tobacco France, il serait normal que le "snus" soit autorisé en France : « le snus suédois est moins dangereux que les autres produits du tabac sans combustion dont la vente est actuellement autorisée dans l'UE. Il est prouvé que la commercialisation du snus a eu un impact positif sur la santé publique en Suède, avec un fait très objectif : aujourd'hui il y a 17% de fumeurs en Suède, contre en moyenne 28% dans chacun des autres pays de l'UE. »