Gilles Pialoux: il y a des séquelles du coronavirus "qu'on n'avait pas vu venir"

Les scientifiques le reconnaîssent volontiers: ils ont encore beaucoup de lacunes au sujet du SARS-CoV. Invité de BFMTV ce lundi soir, le chef de service des maladies infectieuses tropicales à l'hôpital Tenon à Paris a rappelé que de nombreux patients gardaient des séquelles du coronavirus bien au-delà de la période attendue. Chez certaines personnes, des maux peuvent persister ou réapparaître après des jours ou des semaines d'accalmie.
"Il y a des manifestations qu'on n'avait pas vu venir", a déclaré le Pr Gilles Pialoux sur notre antenne. Certains de ces symptômes sont "des manifestations purement somatiques et physiques, qui vont des atteintes neurologiques à une perte de goût durable, ou encore la fatigue", a relevé le médecin.
"Il commence à y avoir toute une liste de symptômes, ce qui ne veut pas dire que ça va s'installer de manière durable car on a pas encore de recul, mais ce sont des symptômes qui vont au-delà du troisième mois", a ajouté le spécialiste.
De nombreux "syndromes post-traumatiques"
Mais le chef de service évoque aussi, sur notre antenne, "le traumatisme et le syndrome post-traumatique qui est important" après une infection au Covid-19. "Nous, on a découvert sur le terrain que ce n'était pas seulement les patients qui étaient allés en réanimation (qui étaient concernés)... car on sait depuis longtemps que quand vous restez quatre semaines dans un coma artificiel et intubé, il y a des répercussions énormes sur le plan sommatique et psychologique. Mais ça, on le savait déjà avant."
"Mais il y a aussi des gens qui ont des syndromes post-traumatiques même avec des hospitalisations très courtes, en médecine", ajoute-t-il, "car c'est une maladie qui a une dimension publique, c'est un virus qui cloisonne les familles, avec ces clusters où on cherche le responsables etc. Il y a tout un aspect psychologique qu'on est en train d'écrire".
"Et puis il y a également toute la souffrance familiale. Pour être concret, nous on a une consultation psy, une consultation de sexologues parce que le confinement a aussi eu des répercussions sur les personnes et sur la vie privée des gens, pour prendre en charg tous ces signes qui sont dans le sillage de la maladie aïgue", a développé le professeur ce lundi soir.