Épidémie de grippe: pourquoi le vaccin est moins efficace cette année, surtout chez les seniors

C'est l'aiguille dans le pied de l'hôpital. Cette année, le vaccin contre la grippe saisonnière fait moins son effet, surtout chez les plus âgés. Un frein de moins en pleine épidémie galopante, donc une pression en plus pour des services de santé déjà en pleine embolie.
Des résultats préliminaires publiés ce mercredi 29 janvier par Santé publique France (SPF) montrent une efficacité vaccinale faible contre la grippe saisonnière depuis le mois d'octobre 2024: 46% pour tous les groupes à risque, 62% chez les moins de 65 ans avec affection de longue durée et 31% chez les 65 ans et plus.
Une efficacité mesurée vis-à-vis de l'ensemble des virus grippaux circulant en France hexagonale. Rappelons cependant que la couverture vaccinale grippe chez l'ensemble des personnes ciblées est faible: 42,9% au 31 décembre 2024. Et 49,8% chez les plus de 65 ans, soit moins que l'an dernier à la même époque.
Un produit inadapté aux virus en circulation
Le vaccin contre la grippe a une efficacité qui varie d'une année à l'autre en fonction de plusieurs facteurs. Le premier est le virus qu'il cible, puisque différentes souches de la grippe circulent: A(H1N1), A(H3N2) et B/Victoria.
Les vaccins, eux, sont produits très en amont de la campagne, en fonction des souches circulant la saison précédente et des recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Et dans cette liste établie l'an passé, la souche AH3N2 n'est pas adaptée.
"Le virus H3N2 qui circule est un petit peu différent de celui qui est dans le vaccin de l'hémisphère nord", explique à BFMTV le virologue Bruno Lina. Une recette qui ne peut pas être changée en cours de route.
Une moins bonne réponse immunitaire chez les seniors
Outre l'inadaptation partielle des vaccins à cette épidémie - un problème récurrent face à une épidémie souvent insaisissable - s'ajoute une spécificité biologique des personnes âgées de plus de 65 ans.
Dans ce groupe d'âge, l'efficacité du vaccin est moins performante en particulier pour les plus de 80 ans en raison de ce "l'immunosénescence", "la qualité de la réponse immunitaire est moins bonne", traduit Bruno Lina.
"Le vaccin a une caractéristique qui est un peu illogique mais c'est ainsi, c'est la nature, il est moins efficace quand on vieillit, or c'est chez les personnes âgées qu'on aimerait qu'il soit efficace", notait également le docteur Philippe Juvin sur BFMTV le 30 janvier.
Second élément, la proportion des virus qui circulent ne se répartit pas de manière homogène dans la population, "la proportion de AH3N2 est plus importante chez les personnes âgées" commente Bruno Lina. Or dans cette population le vaccin marche moins bien et il est moins performant. Une double peine.
Cette situation renforce encore l'intérêt d'une double protection: gestes barrière et vaccination. "Il est crucial qu'au niveau de de la population générale les gestes barrières soient systématiquement adoptés parce que c'est vraiment ça qui va nous permettre de baisser la transmission le plus rapidement possible et notamment la tension sur l'offre de soins", expliquait mi-janvier Sibylle Bernard-Stoecklin, épidémiologiste à la direction des maladies infectieuses de SPF.