Dépendance, troubles... L'ANSM veut sensibiliser sur l'usage des médicaments contre l'anxiété et l'insomnie

L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) lance ce jeudi 10 avril une campagne de sensibilisation au bon usage des benzoadiazépines, des médicaments prescrits dans le traitement de l'anxiété et de l'insomnie.
Les benzoadiazépines, dont les plus connus sont le Xanax, le Lexomil, ou encore le Temesta, ne sont pas sans risques, met en garde l'ANSM. Avec cette nouvelle campagne de sensibilisation, l'agence souhaite rappeler que les médicaments contre l'anxiété et l'insomnie sont une aide temporaire et doivent être pris sur la durée la plus courte possible.
"Le bon usage, c'est d'utiliser un médicament adapté à un patient avec une pathologie particulière et on sait que la situation du patient permet d’utiliser ce médicament avec une balance bénéfice/risque favorable", prône la professeure Catherine Paugam Burtz, directrice générale de l’ANSM, qui insiste sur "l'importance de la posologie et de la durée du traitement".
La France, 2e consommateur d'Europe
Plus de 9 millions de Français ont reçu une prescription de benzoadiazépine en 2024, ce qui fait de la France le 2e pays européen le plus consommateur, après l'Espagne, "mais loin devant le Royaume-Uni et l'Allemagne", complète le docteur Philippe Vella, directeur médical à l'ANSM.
Parmi les patients traités par benzodiazépine, 40% ont des durées de prescriptions trop longues, estime l'ANSM. Pour l'insomnie, la durée du traitement préconisée est de quelques jours et ne doit pas dépasser 3 semaines. Pour l'anxiété, la prescription d'anxiolytiques ne doit pas dépasser 12 semaines.
"Quand on interroge les personnes traitées ou en cours de traitement, moins de trois sur cinq savent qu’il faut les prendre sur durées courtes", souligne Catherine Paugam Burtz.
Bien qu'efficaces, ces médicaments, qui agissent sur le système nerveux central, présentent en effet des risques: dépendance, chutes, troubles de la mémoire, somnolences, risques liés à la conduite, etc. De plus, plus le traitement est long, plus le risque de voir apparaître ces effets indésirables augmente.
Alternatives non-médicamenteuses
Afin de sensibiliser les patients, mais également les professionnels de santé aux risques liés au mauvais usage de benzodiazépines, l'ANSM lance donc une campagne qui propose notamment des alternatives non-médicamenteuses au traitement de l'insomnie et de l'anxiété.

Contre l'insomnie, l'agence du médicament conseille de mettre en place plusieurs gestes avant d'avoir recours au médicament. L'ANSM conseille d'adopter une routine de sommeil consistant à se coucher et se lever à la même heure chaque jour, de limiter les excitants tels que le café, l'alcool ou encore le tabac, ainsi que d'éviter les repas trop copieux le soir.
Elle recommande également de maintenir la température de sa chambre en dessous de 19°C, de diminuer son exposition au bruit, aux lumières et aux écrans, notamment dans les deux heures avant le coucher, de pratiquer une activité physique dans la journée, plusieurs heures avant le coucher.
Enfin, l'ANSM déconseille aux personnes atteintes d'insomnie de faire des siestes trop longues, dépassant une heure, et trop tardives, c'est-à-dire après 16 heures.
Une aide temporaire qui ne traite pas la cause
Pour ce qui est de l'anxiété, l'ANSM préconise également de mettre en place des alternatives non-médicamenteuses en première intention. Pour lutter contre l'anxiété, l'agence du médicament conseille de rechercher les causes possibles de son anxiété, ou encore de pratiquer une activité physique ou une activité relaxante, telle que le yoga, le jardinage, la cuisine ou la lecture.

Pour autant, elle conseille également aux personnes atteintes d'anxiété de ne pas hésiter à consulter un médecin, qui pourra ensuite les orienter vers un psychologue ou un psychiatre si cela s'avère nécessaire.
L'ANSM rappelle en outre que les benzodiazépines sont une aide temporaire pour atténuer les symptômes mais ne permettent pas de traiter la cause de l'insomnie ou de l'anxiété.