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Dans "80% des cas" des médicaments périmés seraient toujours efficaces selon l'UFC-Que Choisir

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L'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir a mené une étude auprès de différents médicaments censés être périmés. Dans la grande majorité des cas, ils sont considérés comme encore efficaces.

Une date de péremption pas toujours pertinente? Selon une enquête menée par l'association de défense des consommateurs l'UFC-Que Choisir, de nombreux médicaments restent efficaces après leur date de péremption. Chaque année, de nombreux médicaments sont donc jetés inutilement aux ordures.

"Nous avons fait mesurer par un laboratoire spécialisé la quantité de substances actives présentes dans 30 boîtes de comprimés, gélules ou sachets de paracétamol ou d’ibuprofène, qui, d’après les fabricants, sont périmés", explique l'association.

"Le résultat du test est sans appel: dans 80% des cas les médicaments contiennent suffisamment de substance active pour être considérés comme efficaces", assure l'UFC-Que Choisir.

"En outre, nos résultats suggèrent qu’il n’y a aucune relation entre l’année de péremption des médicaments et la quantité de substance active encore présente", assure l'association.

L'UFC-Que choisir cite notamment un exemple d'une boîte de "paracétamol censé être périmé depuis 1992 (et qui) présente encore… 100 % de substance active".

Un gâchis sanitaire, environnemental et économique

Pour l'association de consommateurs, ce phénomène est "particulièrement inquiétant" car elle entraîne un gâchis à plusieurs titres. D'une part sur le plan "sanitaire", car en augmentant la demande de médicaments inutilement, on accroît aussi le nombre de médicaments "en tensions d'approvisionnement" ou en situation de "pénurie".

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Le gâchis est aussi notable sur le plan "environnemental" car "cela génère un surcroît inutile de 'déchets', en partie non traités dans le cadre du processus de collecte des médicaments".

Enfin, les pertes sont également "économiques" car la situation entraîne un "renouvellement plus rapide de médicaments" pourtant encore consommables, ce qui a "un coût pour le système hospitalier et pour l'Assurance maladie" lorsqu'ils sont prescrits et pour les malades lorsqu'ils ne sont pas remboursés.

Un appel aux autorités

"Cette situation de gâchis est d’autant plus problématique qu’elle est loin de paraître inéluctable", souligne l'UFC-Que Choisir.

L'association met en avant l'importance d'une "rationalisation de la distribution et de la consommation de médicaments", notamment en limitant les prescriptions.

"Il est curieux que les laboratoires puissent déterminer de manière purement discrétionnaire la date de péremption des médicaments", note-t-elle, s'interrogeant sur la possibilité que "les critères économiques prennent le pas sur les critères scientifiques".

L'UFC-Que Choisir annonce avoir saisi l'ANSM pour l'alerter sur ces constatations. Elle demande à l'agence de santé "afin qu’elle mette en œuvre l’ensemble des mesures permettant d’éviter ce gaspillage de médicaments".

Juliette Desmonceaux