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Les pénuries de médicaments en hausse de 30% en 2023

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5.000 ruptures de stock ou de risque de rupture de stock de médicaments ont été recensés auprès de l'Agence nationale de sécurité du médicament. Le nombre de sanctions envers les laboratoires qui ne respectent pas les règles a également augmenté.

Antidiabétiques, anticancéreux, antiinflammatoires, antibiotiques de base... En 2023, près de 5.000 ruptures de stock ou de risque de rupture de stock de médicaments ont été signalés auprès de l'Agence nationale de sécurité du médicament. Soit une augmentation de 30% par rapport à 2022. À titre de comparaison, 868 ruptures de médicaments avaient été recensées en 2018.

Dans son rapport d'activité pour 2023, elle identifie les produits les plus souvent signalés pour leur manque de disponibilité. En tête de liste, on trouve les médicaments du système cardiovasculaire, avec 1.430 signalements, malgré leur faible part de marché de 8%. Viennent ensuite les médicaments du système nerveux, avec 1.086 signalements pour une part de marché de 33 %, et les anti-infectieux systémiques, qui comptabilisent 679 signalements bien qu'ils représentent seulement 5 % du marché.

Les anticancéreux occupent la cinquième place avec 354 signalements, malgré leur faible part de 0,8 % des médicaments utilisés. Ils se classent juste derrière les médicaments du système digestif et métabolisme, notamment les antidiabétiques, qui enregistrent 465 signalements pour une part de marché de 16 %.

Des origines multifactorielles

"Les situations de ruptures de médicaments augmentent pour plusieurs raisons, rappelle Pierre-Olivier Farenq, responsable du Centre d’appui aux situations d’urgence (CASAR) de l’ANSM auprès du Quotidien du Pharmacien. Tout d’abord, le risque de rupture augmente lorsque le marché est dans une situation de monopole. De plus, des problèmes liés à la production, comme des retards de fabrication, un incident de production ou des capacités de production insuffisantes impactent les approvisionnements.

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Pierre-Olivier Farenq ajoute que la complexité croissante dans la fabrication des produits de santé, associée à la délocalisation récente des sites de production de médicaments matures en dehors de l'Union européenne, augmente les risques d'incidents de production.

La relocalisation de la production en France est une des priorités gouvernementales a rappelé Emmanuel Macron lors d'un déplacement en Ardèche en juin 2023.

"Une dépendance industrielle n’est jamais bonne, et elle est encore moins compréhensible et acceptable quand elle touche la santé et les médicaments", avait déclaré le président.

6 sanctions contre les laboratoires

Autre facteur qui entre en compte, la gourmandise des laboratoires, tentés de vendre leurs médicaments aux pays les plus offrant. Pour faire face à cela, les laboratoires commercialisant leurs produits en France ont l'obligation de constituer un stock de sécurité de deux mois pour tous les médicaments d'intérêt thérapeutique majeur depuis 2021.

En 2023, six sanctions financières ont été infligées aux laboratoires pour non-respect de leurs obligations en matière de stock: trois pour défaut ou retard d’information et trois pour absence de constitution de stock de sécurité. C'est 4 de plus qu'en 2022.

Théodore Laurent