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Covid-19: pourquoi la recherche pour trouver d’autres vaccins se poursuit

Un technicien sur une ligne de production du vaccin AstraZeneca-Oxford contre le Covid-19 à l'Institut Serum, le 22 janvier 2021 à Pune, en Inde (PHOTO D'ILLUSTRATION)

Un technicien sur une ligne de production du vaccin AstraZeneca-Oxford contre le Covid-19 à l'Institut Serum, le 22 janvier 2021 à Pune, en Inde (PHOTO D'ILLUSTRATION) - Punit PARANJPE © 2019 AFP

Comme Sanofi, environ 250 laboratoires à travers le monde continuent leurs recherches pour trouver un vaccin contre le Covid-19. Car pour espérer maîtriser un jour le virus, les États vont devoir se fournir en vaccin durablement, et ne pas se satisfaire d’une seule technique.

Certes, ces derniers jours ont été marqués par une série de mauvaises nouvelles, avec l’abandon de l’institut Pasteur dans la course au vaccin anti-coronavirus, et le retard pris par Sanofi. Mais le laboratoire français n’a pas dit son dernier mot, et poursuit ses recherches avec deux autres candidats vaccins. Environ 250 autres laboratoires en font de même à travers le monde. Pour espérer maîtriser un jour le Covid-19, les États vont devoir se fournir en vaccin durablement, et ne pas se satisfaire d’une seule technique.

"On aura besoin d'autres doses"

Grande-Bretagne, États-Unis, Israël… Les différentes campagnes de vaccination ont été lancées courant décembre. Nous sommes donc dans ce que Christian Bréchot, virologue et ancien directeur de l’Inserm et l’institut Pasteur appelle "une situation de première vaccination." Sur le plateau de BFMTV, ce dernier souligne que d’ici peu, une fois que l’on aura suffisamment de recul sur la population vaccinée, de nouvelles questions émergeront:

"Dans quelques mois on se demandera ‘quelle est la durée de protection? Quand est-ce qu’il faut re-vacciner? Ce qui signifiera qu’on aura besoin d’autres doses", affirme-t-il.

Les connaissances sur l’efficacité des différents vaccins face aux nouveaux variants sont encore limitées. Lundi, la société pharmaceutique Moderna a annoncé que son vaccin était efficace contre les variants britannique et sud-africain du virus, mais qu’elle préparait un "vaccin de rappel" pour être plus efficace contre le second. Qu’en sera-t-il des prochains variants découverts? Quant au vaccin produit par BioNTech, le laboratoire reconnaît ne pas avoir de certitude.

"Nous ne devrions pas avoir peur mais je pense que nous devons être préparés", a-t-il expliqué. "Si nous découvrons que le vaccin n'est pas efficace, nous produirons très vite une dose de rappel qui sera une petite variation du vaccin actuel."

Ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier

Dans ces conditions, le fait que d’autres laboratoires continuent leurs recherches pourrait permettre de protéger la population grâce à d’autres technologies non privilégiées par Moderna et BioNTech. "Il y a peut-être d’autres vaccins qui peuvent éventuellement protéger en stimulant l’immunité cellulaire et pas seulement humorale et qui peuvent être importants", souligne Christian Bréchot.

La stratégie est de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Olivier Bogillot, président de Sanofi France, affirme à BFMTV que leur autre candidat vaccin pourrait être commercialisé d’ici la fin de l’année.

Celui-ci utilise "une technologie différente de BioNtech, qui a une protéine recombinante, un vaccin plus classique que l’on utilise plutôt pour la grippe. On a eu des résultats en décembre satisfaisants mais pas suffisants chez les plus de 65 ans. Donc on a remis le travail sur l’ouvrage pour avoir une étude qui nous permette d’être efficaces chez toutes les catégories de population", explique-t-il sur notre plateau.

La nécessité d’une "quantité industrielle" de vaccin

Il rappelle que l’espoir de pouvoir vacciner l’ensemble de la population du globe va être un combat de longue haleine, pour lequel tous les laboratoires doivent être mobilisés.

"Il y a environ 250 candidats vaccins en recherche, moins de 10% arriveront sur le marché. Le fait d’avoir des vaccins ne sera pas suffisant, il va falloir les produire en quantité industrielle pour vacciner le monde entier."

L’un des enjeux sera notamment de pouvoir vacciner aussi la population dans les pays en voie de développement, dont le continent africain. Relativement épargnés par la première vague de la pandémie, la plupart des pays africains sont désormais sous le coup d’une seconde vague plus virulente, avec le variant sud-africain. Selon les estimations, l’Afrique aura besoin de 1,5 milliard de vaccins pour immuniser 60% de sa population. C’est tout autant de doses que les différents laboratoires à travers le monde vont devoir fournir.

Esther Paolini Journaliste BFMTV