Covid-19: les autorités sanitaires poussent les adultes à se vacciner contre la grippe

Photo d'illustration - Eva HAMBACH
L'actualité tousse déjà, tâchons de faire en sorte qu'elle ne bégaye pas. C'est en quelque sorte le mantra des médecins, soignants et institutions sanitaires en ce mois d'août. Ils sont nombreux à pousser à une généralisation de la pratique du vaccin antigrippe d'ici à la fin de l'année. Et pas seulement dans l'Hexagone.
Trois vertus
L'idée est triple: il s'agirait tout d'abord de s'épargner une double épidémie cet hiver, la grippe épaulant le coronavirus, et la saturation des hôpitaux consécutive ; les symptômes entre les SARS-CoV2 et la grippe se ressemblant beaucoup (fièvre, toux, fatigue, douleurs musculaires entre autres), l'inoculation préventive contre la grippe permettrait de faciliter les diagnostics et de limiter le nombre de cas suspects ; enfin, une première contamination par la grippe pourraient selon certains praticiens rendre plus vulnérables à une seconde, en l'occurrence à celle parl Covid-19. Le pic de la grippe surviendra en principe entre décembre et février.
Ce mercredi, déjà, sept sociétés savantes de pédiatrie appelaient à vacciner les enfants contre la grippe sans tarder. Mais la pertinence de cette initiative excède largement le simple cadre de l'enfance.
Recommandation institutionnelle
En mai dernier, comme le souligne ici RTL, l'Académie de médecine, en France, suggérait déjà de rendre la vaccination antigrippale obligatoire pour les soignants et les personnels sociaux travaillant auprès de personnes listées comme à risque, et voulait exiger des médecins qu'ils le proposent systématiquement lors de leurs consultation.
Comme le site de la radio le rappelle, ce vaccin, qu'il faut régulièrement renouveler toutefois, a de surcroît la vertu d'être gratuit pour les plus de 65 ans, les malades chroniques, les femmes enceintes, les obèses, les gens ayant des personnes fragiles dans leur entourage.
La production s'envole
Dans le monde, la demande de doses de vaccin antigrippaux explose, entraînant bien entendu l'essor de la production mondiale. Nice Matin a fait la synthèses de ces chiffres. Avec 18 millions de vaccins commandés, le réseau de pharmacies CVS multiplie par deux sa liste de course de 2019. Le fabricant Seqirus devrait quant à lui produire cette saison 60 millions de doses, augmentant son rendement de 15%.
Le laboratoire Sanofi va lui aussi monter son niveau de jeu, avec 80 millions d'unités, dix millions de plus que sur l'exercice précédent. De plus, le journal azuréen note que Sanofi a entrepris d'expédier ses cargaisons dès le 22 juillet cette année. En 2019, la démarche avait attendu la mi-août.
Le patient américain
Il est un pays qui craint tout particulièrement l'ouverture d'un second front viral, où comme il le formule dans sa langue, une "twindemic": les Etats-Unis. Le New York Times s'est lui aussi fait l'écho de cette salutaire ruée vers le vaccin contre la grippe. Ainsi, le docteur Robert Redfield, directeur du Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) pousse les patrons à organiser l'inoculation de leurs salariés. Pour soutenir cet effort, le CDC a commandé 9,8 millions de doses contre les 500.000 annuelles, habituellement dévolues à des adultés sans assurance. D'après le journal new-yorkais, 45,3% des adultes américains avaient reçu le vaccin en 2019. Les projections imaginent pour cette année 98 millions d'administrations de doses.
Anthony Fauci, qui dirige l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses et qui est le visage de la lutte contre le virus aux Etats-Unis, a exhorté ses concitoyens à se faire vacciner contre la grippe instamment afin d'"émousser l'effet d'au moins l'une de ces deux infections respiratoires". De plus, une campagne de publicité de grande ampleur, vantant les mérites du vaccin inondera chaînes de télévision, stations de radio, sites internet, réseaux sociaux américains jusqu'au 31 octobre.
L'idée fait aussi son chemin chez les Britanniques. Le Premier ministre local, Boris Johnson, dont la désinvolture initiale en face du Covid-19 avait été défavorablement commentée et qui lui-même avait contracté le mal, a également promis de déployer la plus grande campagne britannique en la matière. Dans son style tonitruant, il a qualifié de "nuts" ("cinglés" en VF) les opposants au vaccin.
