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Covid-19: la Haute Autorité de Santé lance une consultation en vue d'une campagne de vaccination

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Depuis lundi et jusqu'au 30 novembre, la Haute Autorité de Santé ouvre un cycle de consultations auprès des organismes dans les processus de vaccination. Son but est de soumettre ses recommandations en vue d'une éventuelle campagne de vaccination massive contre le Covid-19.

La société pharmaceutique américaine Pfizer a annoncé lundi avoir élaboré un vaccin "efficace à 90%" pour prémunir les patients contre les atteintes du Covid-19. Et toute la communauté scientifique et une large part de l'opinion mondiale se prennent à espérer que ce soit cette fois la bonne, après plusieurs déclarations similaires et dont on attend encore la concrétisation.

Il n'y a cependant pas de temps à perdre, et pour la Haute Autorité de Santé, cette incertitude ne doit pas servir de prétexte à l'inaction. Lundi, l'institution a ainsi présenté ses "recommandations intermédiaires" en vue d'une éventuelle campagne de vaccination contre le Covid-19. Elle a surtout lancé une grande consultation à destination des organismes du monde de la santé, afin d'amender ou d'enrichir ces premières suggestions.

Jusqu'au 30 novembre

Initié lundi, ce cycle qui vise donc à recueillir les avis des acteurs concernés doit durer jusqu'au 30 novembre. La Haute Autorité de Santé compte parvenir, après examen de ces opinions, à une feuille de route définitive, ou plus exactement à une "recommandation consolidée", pour le début de l'année 2021. L'institution a précisé sur son site les parties ayant voix au chapitre:

"Associations de patients et d’usagers du système de santé et du secteur social, sociétés savantes, collèges nationaux professionnels, ordres des professionnels de santé, syndicats de professionnels de santé, institutions ou organismes public, établissements de santé ou médico-sociaux, entreprises". A noter que seules des personnes morales et non des particuliers seront pris en compte.

Pour exprimer leur avis, ces destinataires doivent seulement télécharger les recommandations intermédiaires puis remplir un formulaire en ligne. Là, ils jaugeront, en se servant d'une échelle allant de 1 à 9, les propositions déjà émises, et pourront témoigner plus librement via des commentaires.

Quant aux recommandations affichées pour le moment par la Commission technique des vaccinations, la branche de la Haute Autorité de Santé en charge de ces travaux préparatoires, elles couvrent quatre objectifs: tout d'abord, identifier les populations à cibler en priorité ; dégager les critères pertinents pour cette évaluation ; opérer une veille sur l'avancée des différents projets de vaccin ; enfin définir les modalités de la campagne de vaccination qui viendra à terme.

Des cibles prioritaires

La Haute Autorité de Santé prévient d'abord: elle préconise de ne pas rendre la vaccination anti-Covid-19 obligatoire, anticipant la précipitation éventuelle de personnalités politiques. "Dans le cadre d’un calendrier de livraison des doses de vaccin mal connu et – à ce stade – du manque de recul sur les futurs vaccins ainsi que sur leur capacité à limiter la contagion du virus, cela ne serait pas justifié", argumente-t-elle.

Elle a en revanche désigné les publics prioritaires du vaccin:

"Dans tous les scénarios envisagés, les professionnels de santé et du médico-social de première ligne constitueront les cibles prioritaires incontournables de la vaccination. (...) Par ailleurs, les personnes à risque de formes graves qui paient le plus lourd tribut en termes d’hospitalisation et de décès (personnes âgées de plus 65 ans et celles présentant une co-morbidité) seront également visées prioritairement par la vaccination dès lors que le rapport bénéfice/risque favorable de celle-ci sera établi", écrivent ainsi les auteurs.

A la rencontre des patients

La Haute Autorité de Santé met un accent particulier sur l'effort à fournir en matière de pédagogie sur cette priorisation de certaines populations, la situation sanitaire, l'efficacité du vaccin, les risques encourus, mais aussi les stocks de doses disponibles:

"A ce titre, une information claire, précise et mise à jour dès que nécessaire devra leur être délivrée au sujet de l’évolution de l’épidémie, de la stratégie vaccinale, des connaissances sur les bénéfices et les risques de la vaccination, etc. (...) Une transparence totale sur la gestion des stocks et les contraintes organisationnelles garantira que l’allocation des vaccins entre les citoyens est bien équitable".

Pour faciliter l'extension à une grande échelle de cette campagne de vaccination, l'institution réclame que les médecins ne soient pas les seuls habilités à l'administrer, mais soient épaulés par les infirmiers et les pharmaciens. Enfin, la Haute Autorité de Santé projette une campagne de terrain, ambulatoire, pour toucher l'ensemble de la population, et notamment les personnes les plus précaires.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV