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Santé

Covid-19: ces mauvaises nouvelles qui viennent émailler la campagne de vaccination européenne

Vaccination contre le Covid-19 à Paris le 8 avril 2021

Vaccination contre le Covid-19 à Paris le 8 avril 2021 - ALAIN JOCARD © 2019 AFP

De nouveaux questionnements sont apparus sur les effets secondaires potentiellement liés aux sérums de Johnson & Johnson (J&J) et d'AstraZeneca contre le Covid-19.

La campagne de vaccination anti-Covid en Europe, déjà hésitante, faisait face vendredi à de nouveaux questionnements sur les effets secondaires potentiellement liés aux sérums de Johnson & Johnson (J&J) et d'AstraZeneca, auquel la France prévoit d'encore restreindre le recours.

L'Agence européenne des médicaments (EMA) a annoncé vendredi examiner un lien possible entre le vaccin de J&J et des cas de caillots sanguins, après la signalisation de quatre cas, dont un mortel. L'UE a autorisé ce vaccin mais n'a pas commencé à l'utiliser.

Elle va élargir son enquête sur celui d'AstraZeneca, déjà mis en cause pour le même genre de symptômes, à des problèmes vasculaires. Mercredi, l'EMA avait reconnu que les caillots sanguins devaient être répertoriés comme un effet secondaire, "très rare" mais grave, du vaccin AstraZeneca, surtout chez des sujets jeunes.

De plus, l'EMA enquête aussi sur d'éventuels liens entre l'AstraZeneca et des problèmes vasculaires: elle a annoncé vendredi examiner cinq cas d'un syndrome de fuites capillaires, "caractérisé par la fuite de liquide des vaisseaux sanguins, causant le gonflement des tissus et une chute dans la pression sanguine".

Pas de "lien de causalité"

De son côté, son homologue américaine, la FDA, a annoncé vendredi ne pas avoir établi de "lien de causalité" à ce stade entre la formation de caillots sanguins et l'injection du vaccin J&J. "Nous tiendrons le public informé lorsque nous en apprendrons plus", a-t-elle assuré.

Johnson & Johnson avait auparavant fait valoir que des incidents thrombo-emboliques avaient été signalés "avec tous les vaccins Covid-19".

"Notre traçage précis des effets secondaires a montré un petit nombre d'incidents très rares après vaccination", a ajouté la firme pharmaceutique, soulignant qu'"aucune relation claire de cause à effet" n'avait été établie avec le vaccin Janssen - celui de la filiale européenne du groupe.

Les deux vaccins, Johnson & Johnson comme AstraZeneca, utilisent la même technologie recourant à un adénovirus pour vecteur.

Méfiance

Dans l'immédiat, la méfiance vis-à-vis du vaccin AstraZeneca a poussé de nombreux pays à fixer des limites d'âge à son usage, voire à suspendre son utilisation.

Il est par exemple réservé aux plus de 30 ans au Royaume-Uni, où il a massivement été utilisé, aux plus de 65 ans en Suède, et aux plus de 60 ans aux Philippines, au Portugal, aux Pays-Bas ou en Allemagne, qui envisage désormais d'acheter le controversé Spoutnik V à la Russie. La région espagnole de Castille-et-Leon et le Danemark ont totalement interrompu l'utilisation de l'AstraZeneca.

Vendredi, avant les annonces de l'EMA, les autorités sanitaires françaises avaient indiqué que les 533.000 personnes de moins de 55 ans déjà vaccinées avec une première dose d'AstraZeneca se verraient proposer pour la 2e dose un vaccin différent à ARN messager, celui de Pfizer/BioNTech ou celui de Moderna.

La cadence des vaccinations est cruciale pour la France, qui affronte une troisième vague épidémique entraînant une forte hausse des hospitalisations et coûtant la vie à plus de 300 personnes par jour.

La nouvelle règle a été jugée "totalement logique" par le ministre français de la Santé Olivier Véran. Mais peu après, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a répété qu'elle ne pouvait recommander un changement de vaccin anti-Covid entre deux doses, faute de "données adéquates" à ce stade. L'efficacité des vaccins reste par ailleurs posée face aux variants du coronavirus.

Négociations pour des doses supplémentaires

Soucieuse d'anticiper ce problème, l'UE va lancer une négociation pour commander 1,8 milliard de doses supplémentaires de vaccins dits de "2e génération" contre le Covid-19, avec un calendrier de livraisons contraignant, a indiqué une source à la Commission européenne.

L'anticipation paraît d'autant plus nécessaire qu'AstraZeneca, déjà au centre de polémiques avec l'UE sur ses retards de livraison, a par exemple indiqué vendredi qu'il allait avoir du retard sur la moitié de ses livraisons de vaccins prévues pour cette semaine dans l'Union européenne.

Par contraste avec les problèmes d'AstraZeneca, l'alliance Pfizer/BioNTech a franchi une nouvelle étape en déposant vendredi aux Etats-Unis une demande d'autorisation de son vaccin pour les adolescents âgés de 12 à 15 ans.

Durcir la loi anti-Covid

En Allemagne, le gouvernement va durcir la semaine prochaine la législation de lutte contre la pandémie, pour pouvoir imposer des restrictions à l'ensemble du pays. Cette réforme permettra de passer outre, si nécessaire, les résistances locales.

"Le but est de créer des règles nationales uniformes", a expliqué une porte-parole de la chancellerie, Ulrike Demmer.

En Norvège, la Première ministre Erna Solberg a écopé d'une amende de 20.000 couronnes (près de 2000 euros) pour avoir enfreint les règles anti-Covid: elle avait organisé un repas avec 13 convives au lieu de 10 autorisés pour son 60e anniversaire... auquel elle n'a pas elle-même participé, s'étant rendue à l'hôpital pour des problèmes oculaires.

C.Bo. avec AFP