BFMTV
Santé

Coronavirus: quels sont les risques à utiliser l'hydroxychloroquine à titre préventif comme Donald Trump?

placeholder video
Plusieurs études sont actuellement en cours à travers le monde a fin de définir si l'antipaludéen est une bonne solution de prévention contre le Covid-19.

"This. Will. Kill. You". Le moment de télévision est pesant. Ce lundi soir, quelques minutes seulement après que le président des États-Unis, Donald Trump, a annoncé prendre de l'hydroxychloroquine de manière préventive contre le Covid-19, les réactions indignées et inquiètes se sont multipliées. Ces quatre mots, "Cela va vous tuer", en version française, c'est d'ailleurs un présentateur de la Fox, une chaîne habituellement encline à défendre l'homme fort de la Maison-Blanche, qui les a prononcés.

Quelques secondes auparavant, Donald Trump avait donc affirmé que, bien que n'étant pas lui-même atteint du coronavirus, il prenait, depuis une semaine et demie cette substance de manière préventive. Selon son médecin, cette date correspond en réalité au moment de l'apparition d'un cas dans son entourage direct.

"Rien n'est démontré" 

Si l'efficacité de hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19 est déjà contestée par plusieurs études, la possibilité d'utiliser le médicament comme un traitement préventif ne fait l'objet d'aucune certitude scientifique, souligne Alain Ducardonnet, cardiologue et consultant santé pour BFMTV. 

"Rien n'est démontré dans ce domaine. On a un doute fort sur l'aspect curatif, et en préventif on n'a aucun argument, il n'y a pas d'études qui le disent. On ne peut pas le prendre en auto-médication, il peut y avoir des troubles cardiaques. Il y a 41 études en cours, dont une en France, dont on aura la réponse fin juin", assure-t-il.

Pire, comme l'explique également le New York Times, si l'hydroxychloroquine est utilisée de longue date comme antipaludéen, son utilisation peut entraîner dans certains cas des complications, telles que de graves troubles cardiaques, voire la mort.

Comme d'autres agences du médicament, la FDA américaine a d'ailleurs mis en garde le 24 avril dernier sur les risques des effets secondaires de la molécule, réservant son usage uniquement à des essais cliniques ou à des traitements à l'hôpital, avec la surveillance d'éventuels problèmes cardiaques.

Prep Covid

Aux États-Unis aussi, le doute existe quant à l'efficacité de l'antipaludéen comme prévention au Covid-19: le New York Times fait état de tests menés par des chercheurs du Minnesota et du Michigan sur des personnes qui vivent avec des personnes contaminées, mais les résultats ne sont pas connus.

A l'échelle française, au moins une étude se penche, à l'heure actuelle, sur la possibilité d'utiliser l'hydroxychloroquine comme traitement préventif: Prep Covid. Il s'agit d'une étude lancée par l’AP-HP mi avril, et menée sur 900 soignants qui doit évaluer si ce produit et un autre médicament, l'azithromycine, sont efficaces pour empêcher de contracter le Covid-19.

Dans le détail, les 900 soignants doivent être traités pendant 40 jours. Ils seront ensuite répartis dans trois groupes: 300 reçoivent de l'hydroxychloroquine, 300 de l'azithromycine (un antibiotique) et 300 un placebo. Ils seront testés au début et à la fin de l'expérience. Des électrocardiogrammes seront également réalisés. Les résultats sont attendus courant juin. 

Préventif ou curatif? 

Si le caractère préventif de l'hydroxychloroquine pose encore question, c'est également le cas pour son aspect curatif. La semaine passée, deux études soulignaient que le traitement popularisé par le professeur Raoult ne semblait pas efficace, que ce soit chez des patients gravement ou plus légèrement atteints.

La première étude, menée par des chercheurs français, conclut que ce dérivé de l'antipaludéen chloroquine ne réduit pas significativement les risques d'admission en réanimation ni de décès chez les patients hospitalisés avec une pneumonie due au Covid-19.

Selon la seconde étude, menée par une équipe chinoise, l'hydoxychloroquine ne permet pas d'éliminer le virus plus rapidement que des traitements standard chez des patients hospitalisés avec une forme "légère" ou "modérée" de Covid-19. En outre, les effets secondaires sont plus importants.

Hugo Septier