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Coronavirus: faut-il supprimer la consultation pré-vaccinale pour accélérer la cadence?

Un infirmier montre une dose de vaccin Pfizer-BioNTech, sur une base militaire à Petrinja (Croatie) le 2 janvier 2021. (PHOTO D'ILLUSTRATION)

Un infirmier montre une dose de vaccin Pfizer-BioNTech, sur une base militaire à Petrinja (Croatie) le 2 janvier 2021. (PHOTO D'ILLUSTRATION) - - © 2019 AFP

Alors que les critiques se multiplient contre une campagne vaccinale au compte-gouttes, certains médecins proposent de supprimer la consultation pré-vaccinale. C'est une étape "fondamentale", rétorquent les généralistes.

Face au vaccin anti-Covid, il y a "un luxe de précaution qui n’a pas lieu d’être", a dénoncé à notre antenne ce lundi Frédéric Adnet, chef des Urgences de l’hôpital Avicennes en Seine-Saint-Denis. Une semaine après le début de la campagne de vaccination en France, le nombre de personnes auxquelles le vaccin a été administré demeure faible: 516 au 1er janvier, selon le ministère de la Santé. Face à une campagne au compte-gouttes, les attaques ne faiblissent pas et visent notamment la consultation pré-vaccinale. Ce rendez-vous est pourtant “une étape importante” de la vaccination.

Une consultation "fondamentale"

La consultation pré-vaccinale est un rendez-vous entre le patient et son médecin qui se déroule en amont de la vaccination lors duquel est évalué "la situation clinique du patient" qui est informé des "bénéfices et les risques du vaccin" et peut exprimer ses "préférences, [s]es questionnements et [s]es craintes." C’est aussi lors de cette étape que l’on s’assure que le patient n’a pas d’allergie, n’a pas été récemment contaminé au Covid-19. Une étape qui prend du temps. Trop, selon Frédéric Adnet:

"On ne fait pas cette démarche lorsqu’on administre un antibiotique ou un vaccin contre la grippe. C’est un médicament comme un autre, les règles de prescription doivent être ordinaires", juge à notre antenne le chef des urgences de l’hôpital Avicennes.

Un avis que ne partage pas Jérôme Marty, médecin généraliste et président du syndicat de l’Union française pour une médecine libre (UFML):

"Cette étape est fondamentale. Il faut répondre aux interrogations des patients”, insiste-t-il auprès de BFMTV.com.

Son confrère Luc Duquesnel, médecin généraliste et président du syndicat Les Généralistes-CSMF estime également qu’elle est utile et qu’il faut préserver ce rendez-vous pour la suite de la campagne: "La consultation pré-vaccinale est importante", affirme-t-il par téléphone.

Contraintes logistiques

A l’heure actuelle, le laps de temps entre ce rendez-vous et la vaccination effective est de 5 jours en Ehpad. Un délai trop long regrette Jérôme Marty: "On n'a pas le temps d’attendre face à la nouvelle vague qui va venir." Mais ce dernier repose avant tout sur des contraintes logistiques:

"La consultation pré-vaccinale devra être réalisée au plus tard 5 jours avant le démarrage de la vaccination afin que l’établissement puisse faire remonter le nombre de doses nécessaires", indique-t-on sur le guide de vaccination du ministère de la Santé.

En effet, les vaccins Pfizer/BioNTech nécessitent une logistique inédite, avec une conservation nécessaire à -70°. Lorsque les doses quittent les réfrigérateurs prévus à cet effet, elles doivent être administrées dans les 5 jours, tout en étant stockées entre 2 et 8 degrés.

L'espoir de Moderna

Des conditions qui ne permettent pas de faire des provisions trop importantes au-delà des congélateurs, au risque de gaspiller des doses.

"Nous sommes tributaires de cette logistique", insiste Luc Duquesnel.

Le vaccin Moderna, qui pourrait recevoir un avis positif de l’Agence européenne du médicament dès cette semaine, offre des conditions de stockage bien plus avantageuses. Il doit être stocké à -20°C et peut ensuite rester dans des réfrigérateurs classiques, entre 2 et 8°C, pendant un mois. Un délai bien plus court que celui de Pfizer/BioNTech qui pourrait enfin permettre de faire décoller la campagne de vaccination en France.

Esther Paolini Journaliste BFMTV