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CHU de Nantes: des syndicats dénoncent quatre décès aux urgences, la direction dément

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Selon les syndicats de l'établissement, quatre personnes sont mortes en raison d'une trop longue attente aux urgences. Une manifestation est prévue ce jeudi 22 août devant la préfecture de Loire-Atlantique.

Manque de personnel, manque de lits, temps d'attente... La situation des urgences dans le pays est un sujet récurrent. Ces dernières semaines à Nantes (Loire-Atlantique), les syndicats du CHU dénonçaient l’engorgement record du service qui aurait mené, depuis le début de l’été, au décès de quatre patients en zone d'attente, alors qu'ils n'étaient pas pris en charge.

De son côté, la direction de l'établissement dément ces chiffres et assure que le service n'est pas saturé, ajoutant même que le temps d'attente aux urgences moyen a été réduit depuis plusieurs jours.

"Pas assez de place"

Comme l'explique un syndicaliste à BFMTV, récemment, une infirmière a découvert un patient mort dans un couloir. "Elle a bousculé un peu le brancard, ça arrive, elle s'est excusée mais la personne n'a pas bougé et elle s'est aperçue qu'elle était morte", raconte le syndicaliste.

Selon les représentants du personnel, quatre patients sont morts en quelques semaines en raison du délai d'attente trop long aux urgences. "Ce sont des gens que l'on n'a pas pû hospitalisés par manque de lits et qui ont eu, pour certains d'entre eux, des examens trop tardifs parce qu'il n'y avait pas assez de place pour les faire", explique le syndicaliste.

"C'est parce que les gens ont attendu longtemps qu'ils sont décédés, pas parce qu'ils sont arrivés moribonds à l'hôpital", martèle-t-il.

"Il y a des durées d'attente qui ont été jusqu'à 70 heures pour plusieurs patients", ajoute sur BFMTV Jérémy Beurel, secrétaire général adjoint FO au CHU de Nantes.

La direction dément

Une version démentie par l'hôpital. "En raison de la gravité des cas qui sont accueillis, des décès surviennent aux urgences malgré une prise en charge médicale adaptée" répond Éric Batard, chef du service des urgences du CHU de Nantes.

Comme l'explique Le Figaro, la direction du CHU ne confirme qu'un décès sur les quatre dénoncés, qui serait "intervenu après qu'une première prise en charge infirmière et médicale a été mise en œuvre dès l'arrivée de la patiente aux urgences, conformément aux protocoles en vigueur".

La personne concernée "ne présentait pas de critères nécessitant de la faire passer avant les patients déjà présents, pour préciser le diagnostic". Les trois autres décès dont les syndicats se sont fait l'écho seraient intervenus après prise en charge médicale.

"Il faut bien comprendre qu'il ne s’agit pas d'un délai d'attente pour être pris en charge et soigné par l'équipe médicale, mais bien du temps que le patient a passé au sein du service des urgences. Personne ne reste 50 ou 70 heures aux urgences avant d’être soigné", soutient Éric Batard dans des propos rapportés par Le Figaro.

Un rassemblement prévu

En raison de la fermeture partielle de plusieurs services d'urgence dans la région, la fréquentation des urgences du CHU de Nantes a bondi cet été, alors même que des lits ont été fermés dans l'établissement.

Selon Frédéric Valletoux, ministre démissionnaire de la Santé interrogé par Ouest-France, "une cinquantaine d'hôpitaux sont actuellement en tension". Il précise que la situation est meilleure que l'été dernier ou qu'en 2022, ajoutant que le mois d'août est toujours une période "complexe".

"Mais les mesures issues de la mission flash sur les urgences et de la reformé des autorisation de médecine d'urgence portent leurs fruits", assure-t-il, citant notamment la "revalorisation des gardes de nuits et des heures travaillées les dimanches et les jours fériés".

Face à la situation, une manifestation est prévue le jeudi 22 août devant la préfecture de Loire-Atlantique. Les syndicats réclament que des choix politiques soient fait pour débloquer des fonds pour l'hôpital public et ainsi mieux accueillir les patients.

Le député La France insoumise (LFI) de la région Andy Kerbrat, membre de droit du conseil de surveillance du CHU de Nantes, réclame une réunion extraordinaire de ce dit-conseil.

Arthur Meuriot, Louis Gagnepain et Pierre Barbin