CHU de Brest: la direction de l'hôpital répond aux critiques après le "mur de la honte" sur les délais d'attente

"Ce ne sont pas des patients qui attendent sans manger, sans pouvoir aller aux toilettes, comme ça a été dit", répond la direction générale du CHU de Brest. Le service des urgences de l'établissement est accusé d'être saturé et, par conséquent, de laisser des patients, parfois âgés, attendre durant de longues heures sur des brancards.
Ainsi, depuis plusieurs semaines, la CGT a érigé un "mur de la honte" devant l'entrée du bâtiment pour dénoncer ces délais excessifs, dangereux pour les patients et pour les soignants.
Des feuilles portant les initiales de personnes de plus de 75 ans ayant passé plus de 12 heures aux urgences sont ainsi affichées: "M/Mme Q, 75 ans, a passé 30 heures sur un brancard", ou encore un ou une centenaire resté en attente 16 heures.
Un délai de prise en charge moyen de 8h30
Dans un entretien accordé à France Bleu, la directrice générale du CHU, Florence Favrel-Feuillade, répond aux accusations. Elle soutient que ces attentes dénoncées sur le "mur de la honte" sont "les délais de prise en charge", c'est-à-dire le temps total passé à l'hôpital, et non les délais d'attention avant de voir un infirmier, un médecin.
"Entre le 1er juin et le 20 août, on a eu 80 patients de plus de 75 ans qui ont eu un temps de passage supérieur à 24 heures, avec un maximum (et on est d'accord avec la CGT) de 35 heures, mais vous avez aussi un minimum de quinze minutes", explique-t-elle, affirmant:
"Et donc en moyenne, le délai de prise en charge des patients est de 8h30 sur cette période".
Les patients voient une infirmière "en quelques minutes"
Selon Florence Favrel-Feuillade, lorsqu'un patient arrive aux urgences, "vous avez très rapidement, en quelques minutes, une infirmière d'accueil et d'orientation qui va faire votre état de santé et pouvoir lancer la prise en charge selon la gravité de la situation".
"Vous allez voir plus ou moins rapidement un médecin, mais en général c'est moins d'une heure", poursuit-elle auprès de France Bleu, expliquant qu'ensuite le professionnel de santé va décider s'il y a besoin d'examens supplémentaires et qui, donc, peuvent prendre du temps.
Selon elle toutefois, à ce moment-là, les patients ne retournent pas alors attendre dans les couloirs.
Une "salle d'attente allongée" plutôt que des brancards dans le couloir
"Ce ne sont pas des patients qui attendent sans manger, sans pouvoir aller aux toilettes, comme ça a été dit", résume alors la directrice générale du CHU. Elle indique qu'au service des urgences de Brest, il y a "une vingtaine de box" pour les patients ainsi qu'une "salle d'attente allongée pour les patients qui sont en attente", qui permet de ne pas attendre sur un brancard dans les couloirs sans surveillance.
"Ce n'est pas une zone d'attente très confortable, j'en conviens, on se rejoint là-dessus avec les organisations syndicales et les équipes de professionnels", concède-t-elle tout de même, indiquant que des travaux sont prévus "pour conserver l'intimité et améliorer la surveillance des patients".
Situation tendue
La situation est tendue dans plusieurs services des urgences à travers la France, à l'instar du CHU de Nantes où des syndicats dénoncent quatre décès aux urgences, en raison d'une trop longue attente, ce que la direction dément.
La direction du CHU ne confirme qu'un décès sur les quatre dénoncés, qui serait "intervenu après qu'une première prise en charge infirmière et médicale a été mise en œuvre dès l'arrivée de la patiente aux urgences, conformément aux protocoles en vigueur".
La personne concernée "ne présentait pas de critères nécessitant de la faire passer avant les patients déjà présents, pour préciser le diagnostic". Les trois autres décès dont les syndicats se sont fait l'écho seraient intervenus après prise en charge médicale.
"Une cinquantaine d'hôpitaux sont en tension", a reconnu le ministre démissionnaire délégué à la Santé Frédéric Valletoux dans un entretien accordé au journal Ouest-France. Une étude de l'Inserm et de l'AP-HP avait démontré en 2022 un risque de "surmortalité" de l'ordre de 40% après une nuit passée sur un brancard.