CARTE. Déserts médicaux: ces départements qui pourraient bénéficier d'une installation des médecins régulée

La carte de la densité des médecins pour 100.000 habitants en France au 1er janvier 2025, département par département. - BFMTV
Les pouvoirs publics vont-ils pouvoir réguler le lieu d'installation des médecins? C'est une porte ouverte par la proposition de loi transpartisane "contre les déserts médicaux" portée par le député socialiste Guillaume Garot. L'un des articles clé, adopté contre l'avis du gouvernement, doit mettre fin à la liberté d'installation de ces professionnels de santé.
L'objectif? Une "meilleure répartition des médecins" à travers l'ensemble du territoire. Ceux-ci devraient demander l'autorisation de s'installer aux Agences régionales de santé (ARS) locales, s'appuyant elles-mêmes sur l'avis de l'Ordre départemental des médecins pour déterminer les besoins.
L'Eure, l'Ain et la Mayenne les moins dotés
Il n'existe donc pas à ce stade de seuils pour un nombre maximal de médecins sur un territoire donné. Mais des données du Conseil National de l'Ordre des médecins publiées en 2025 permettent de lire des écarts marqués entre les différents départements.
Sans surprise, il apparaît à la lecture de cette carte que les professionnels de santé ne soit pas répartis de façon uniforme dans l'Hexagone. Au minimum, un département compte 171 professionnels pour 100.000 habitants, contre 899 au maximum.
L'Ordre note des "disparités territoriales au sein des régions. On contate par exemple que les départements "au centre de la métropole et autour du bassin parisien, soit les moins dotés". Avec sur le podium des moins dotés: l'Eure, l'Ain et la Mayenne.
À l'inverse, les professionnels de santé ont tendance à se regrouper davantage dans les grandes villes mais aussi sur les littoraux ou à proximité de frontières. Le podium des départements où l'offre de soin est la plus importante: Paris, les Hautes-Alpes et les Alpes-Maritimes.
"La population générale et l'effectif de médecins en activité n'évoluent pas nécessairement dans le même sens depuis 2010", précise toutefois l'Ordre dans son bilan.
Un problème de volume davantage que de répartition?
La proposition portée par les députés est présentée comme une solution "à court-terme" à l'urgence de la désertification médicale dans une grande partie des départements français.
"La nécessité d’une régulation de l’installation reste une conviction partagée au sein du groupe de travail transpartisan, sans qu’elle soit considérée comme l’unique réponse à apporter", défendent les 250 parlementaires réunis derrière cette initiative.
Mais s'agit-il uniquement d'une rustine? "Une pénurie de médecins, même potentiellement régulée, reste une pénurie", a argué le ministre de la Santé Yannick Neuder.
Les organisations professionnelles et syndicales derrière les 200.000 practiciens tiennent une même ligne. En déplorant une attaque à leurs libertés, les médecins redoute ntdes "effets contre-productifs": une partie d'attractivité de la profession qui mènerait à moins de vocations et donc... Moins de médecins.
Le meilleur moyen est donc la formation de nouveaux professionnels, notamment dans les spécialités les plus tendues comme la dermatologie. En ce sens, les lobbyistes prônent plutôt la mise en place d'incitations de la part de l'État, comme des primes à l'installation, dont le manque d'effets tangible a déjà été démontré (Drees, 2021).